L'édito de Pascal Boniface

PSG la victoire dans les tribunes plus importante que celle sur le terrain

Édito
8 novembre 2010
Le point de vue de Pascal Boniface
Le Paris-SG a gagné hier le « classico » qui l’opposait à Marseille, pour la première fois depuis six ans, au Parc des Princes. Cette victoire confirme la bonne tenue de l’équipe après des prestations convaincantes contre Lyon, Dortmund ou Séville. Il est cependant trop tôt pour en tirer des conclusions sur l’issue finale du classement et la possibilité pour le PSG de se qualifier l’an prochain pour la Champion’s League.

Mais au-delà de la victoire sur le terrain, ce qui compte le plus est le soutien vibrant et chaleureux que le public très nombreux, a apporté à l’équipe. Depuis le début de la saison, malgré la qualité du spectacle proposé, il était quelque peu clairsemé dans les travées du Parc des Princes. De nombreux groupes de supporters boycottaient le stade. Ils voulaient protester contre le plan de Robin Leproux, le président du club, visant à pacifier le Parc des Princes et mettre fin au climat d’hostilité délétère entre les tribunes Boulogne et Auteuil qui s’étaient soldées par un mort l’an dernier. Le plan consiste, entre autres, à proposer un placement aléatoire à fin d’éviter que ne se constitue un noyau violent. Les supporters criaient à la trahison et entamaient un bras de fer avec la direction du PSG, la menaçant de devoir faire face à un stade vide et sans ambiance.

Robin Leproux a tenu bon, malgré les menaces. L’enjeu est de pouvoir permettre à des gens de toutes origines de venir tranquillement au stade et de briser l’image de racisme trop souvent accolé à l’équipe du PSG, ce qui est un frein puissant à sa popularité, non seulement en France mais également en région parisienne ! L’idée était également qu’un public familial puisse venir sans crainte de débordements violents.

Il a pris le risque de voir les recettes guichets baisser du fait d’une affluence moindre. Mais il a préféré, ce qui est assez rare, jouer la carte du long terme. Si rien n’avait été fait, le niveau de violence se serait maintenu, voire se serait développé. Ceux qui ont assisté au dernier match de la saison dernière contre Montpellier, ont en mémoire le souvenir pénible de deux tribunes qui n’ont cessé de s’insulter. La permanence de ce climat lourd, aurait petit à petit conduit à une désaffection du public, aurait terni profondément l’image du PSG. Le renouvellement d’affrontements violents faisait peser le risque, non seulement de la suspension du stade, mais également de la rétrogradation de l’équipe. Les bons résultats vont certainement accélérer la réconciliation entre les groupes de supporters et la direction du club. Mais même, s’ils n’avaient pas été aussi rapidement au rendez-vous ce plan était absolument indispensable pour restaurer l’image du PSG et en faire un club plus largement populaire. L’affaiblissement du seul club de la capitale en France n était de l’intérêt de personne. C’est tout le football français qui, à terme, en aurait pâti. Ce dernier a besoin d’un club performant dans la capitale et le club ne peut être à long terme s’il ne se débarrasse pas d’une image sulfureuse.

Les supporters du PSG ne seront sans doute pas d’accord mais au-delà du classement du club à la fin de la saison, il y a un enjeu plus fondamental. Assainir le climat autour du club, bannir la haine des tribunes et y développer convivialité et enthousiasme, pour en faire un club performant et populaire, avec un potentiel de rayonnement international extraordinaire.
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