08.10.2024
Le sport au service de la paix ?
Édito
30 novembre 2010
A l’heure de la mondialisation, on évoque souvent les dérives du sport business et les risques d’instrumentalisation politique que concentre le sport. Les scandales de corruption qui agitent le monde sportif, les enjeux financiers démesurés qui animent les compétitions internationales, ou encore l’instrumentalisation politique à laquelle le sport est régulièrement exposée – comme en janvier dernier lorsqu’une équipe sportive togolaise fut la cible d’une attaque terroriste -, autant de mauvaise publicité faite au sport… Mais faisons un peu de place à une autre utilisation de l’extraordinaire pouvoir de mobilisation du sport, celle qui vise la reconstruction, la réinsertion, le rapprochement et l’échange.
A partir de mercredi se réunissent à Monaco plus de cinq cent personnes pour partager une même croyance basée sur l’expérience : celle que le sport, utilisé de manière concertée et structurée, est un formidable outil au service de la paix et du développement. L’instigateur de l’évènement, Joël Bouzou, olympien, président fondateur de l’association Peace and Sport, explique dans le livre qu’il vient de publier (1), les fondements théoriques de son action : « Le sport est un outil concret et pragmatique car il agit sur les générations futures et facilite les échanges entre peuples et communautés. Ses vertus structurantes fournissent un cadre de prévention à de multiples maux qui rongent les populations les plus exposées à la violence, la haine et la pauvreté. »
Déjà la diplomatie sportive est un outil bien connu de la géopolitique. Diplomatie olympique, diplomatie du ping pong, diplomatie du football, ponctuellement le sport est le lieu de rencontres symboliques qui nourrissent l’apaisement de tensions bien ancrées. A côté de la portée politique de la diplomatie sportive, il est un autre niveau d’action pour lequel l’utilisation du sport, au rapprochement des antagonismes et à l’apport de repères sociaux, produit des résultats concrets. Parallèlement à la diplomatie des Etats, il y a celle des ONG, des associations sportives, des champions, etc. La diversification des acteurs internationaux, bien établie pour les affaires stratégiques, touche aussi la diplomatie du sport.
Les lieux d’action sont multiples et les cas d’études seront nombreux à l’occasion de ce forum : relations transfrontalières dans des zones fragilisés et aide aux réfugiés, comme par exemple dans la région des grands lacs, développement de politiques sportives dans des contextes post-conflit, en Irak ou en Afghanistan, réhabilitation de la jeunesse dans des quartiers sensibles et violents des zones urbaines, au Timor-Leste ou au Brésil, vaste de chantier de reconstruction en Haïti, etc. Autant de micro-actions de terrain dont l’ensemble font sens.
Ces multiples initiatives locales, pour bénéfique qu’elles soient, doivent être restituées dans un cadre global. Comment utiliser la formidable attractivité du sport pour rapprocher des communautés, pour fluidifier les relations sociales, pour apaiser les tensions ? Le sport n’est pas une baguette magique qui résout tous les problèmes. Il n’est pas non plus un vecteur de haine. Il peut être un instrument qui permet d’améliorer les situations.
(1) « La paix par le sport : quand le mythe devient réalités », Editions IRIS/Armand Colin, décembre 2010