L'édito de Pascal Boniface

Je ne serai pas président de l’Institut du monde arabe : Jack Lang était mieux placé

Édito
16 janvier 2013
Le point de vue de Pascal Boniface
Mon nom avait circulé dans la presse pour la présidence de l’Institut du monde arabe. Depuis l’annonce de la nomination de Jack Lang, je reçois de nombreux messages. Je crois nécessaire de faire une mise au point.
 
Si j’ai été amusé et même flatté de voir mon nom être cité pour un poste aussi prestigieux, je n’ai jamais été candidat et on ne m’a d’ailleurs jamais fait une telle proposition. Je ne sais même pas comment est née cette rumeur, mais il suffisait de m’interroger pour qu’elle soit démentie.
 
Je ne suis pas un spécialiste du monde arabe. Je ne parle pas la langue. Je ne suis pas un spécialiste des affaires culturelles, ni une personnalité politique. Je n’avais donc aucune prédisposition pour occuper ce poste.
 
Je n’avais aucune légitimité à l’occuper. Il peut l’être indifféremment par un diplomate de haut rang, un brillant intellectuel spécialiste du monde arabe ou un responsable politique ayant un rayonnement international et s’intéressant de près à la région.
 
Le fait que la compétence n’ait pas été dans le passé le critère principal de nomination ne suffit pas à me rendre éligible. La direction de l’Iris et la variété du travail que je peux y accomplir, et surtout la liberté totale dont je dispose, suffisent amplement à mon bonheur.
 
L’Institut du monde arabe souffre. Les gens qui y travaillent et leurs responsables sont de parfaits professionnels. Mais, depuis trop longtemps, la présidence est distribuée en fonction de critères qui n’ont rien à voir avec les objectifs de l’Institut. Alors que Denis Bauchard avait profondément redynamisé l’institution, il a dû céder sa place pour la laisser à Yves Guéna. Celui-ci n’était pas spécialement candidat au poste mais, à sa sortie du Conseil constitutionnel, il fallait lui trouver une fonction qui permette d’avoir bureau, secrétaire, chauffeur ; va donc pour la présidence de l’IMA.
 
Dominique Baudis fut un président actif jusqu’à son élection au Parlement européen, qui, au lieu de conduire à dédoubler le poste, aurait dû le conduire à démissionner. Renaud Muselier n’a, lui, guère été présent.
 
Il serait bon que le président soit quelqu’un de réellement intéressé par cette fonction avec des objectifs précis et ne la prenne pas comme un lot de consolation. Nul doute que, si Jack Lang avait été élu député des Vosges, il n’aurait pas été candidat. Ce n’est donc pas tout à fait son premier choix. Ceci dit, il a d’incontestables atouts pour occuper le poste.
 
C’est un homme politique de premier plan bénéficiant non seulement d’une réelle notoriété mais également d’une véritable popularité internationale, y compris – et surtout – dans le monde arabe. Il a présidé la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et travaille depuis très longtemps sur les relations internationales. Sa maîtrise des affaires culturelles est incontestable. Contrairement à une image de nonchalance, c’est un bourreau du travail.
 
Il a donc toutes les qualités pour faire un excellent président de l’Institut. À lui de développer un véritable projet et de s’appuyer sur la compétence des équipes qui y travaillent.
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