04.10.2024
Iran, Russie, Mali, Syrie… Le bilan géopolitique de l’année 2013
Édito
16 janvier 2014
On assiste à une entame de dialogue et à une reprise des négociations et contacts entre les Etats-Unis et l’Iran. Cet épisode, même si, encore une fois, il doit être confirmé, vient mettre fin à 10 ans de débats intenses et de frictions sur le programme nucléaire iranien, et peut-être viendra mettre fin à 34 ans de brouille entre les États-Unis et l’Iran. Pour une fois que le bruit des battements de tambour s’éloigne de la région et que l’on donne la priorité aux solutions politiques et diplomatiques, celles-ci s’avèrent payantes.
Ce qui est un peu paradoxal, c’est que lorsque les Américains interviennent trop à l’étranger, on critique leur arrogance, voire leur impérialisme. Aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse. On est venu reprocher à Barack Obama sa procrastination et ses hésitations, qui ont été relevées sur plusieurs plans.
Avoir tracé des lignes rouges sur les armes chimiques syriennes et ne pas en tenir compte, être pris par ses problèmes intérieurs et ne pas assister au sommet des pays de l’ASEAN, parler d’un pivot asiatique de la politique américaine qui ne se traduit pas par des gestes tangibles, le sentiment global en Europe, Proche-Orient et Asie, c’est celui d’un certain retrait américain. Il y a un syndrome irako-afghan qui conduit les États-Unis, non à l’isolationnisme (impossible) mais à un repli.
A l’inverse, Poutine et Xi Jinping semblent poursuivre leur montée en puissance. Le leader chinois doit cependant s’attaquer fermement à la lutte contre la corruption et celle contre la pollution, qui sont les deux menaces qui pèsent sur l’avenir du pays. Et ne pas effrayer ses voisins asiatiques par une affirmation trop nette de la puissance chinoise.
Les pays de l’ASEAN craignent un affrontement sino-américain qui les conduirait à choisir leur camp, alors qu’ils veulent avoir de bons rapports avec les deux. Mais ils craignent plus encore la rivalité sino japonaise, de plus en plus agressive.
Poutine semble avoir gagné sur l’Ukraine et la Syrie, il s’apprête à recevoir les J.O – mais sans que ce soit un triomphe diplomatique du fait de l’absence de nombreux chefs d’États. La menace terroriste pesait déjà avant les attentats de Volgograd et les Jeux se dérouleront sous extrême surveillance.
Mais l’économie russe montre des signes d’essoufflement, on peut se demander si Moscou ne tombe pas dans le piège qui a été mortel pour l’URSS, de la surextension impériale. Ses alliés lui coûtent en effet cher. La Russie a besoin d’un cours du baril de pétrole à 120 dollars pour équilibrer son budget et la libération de Khodorkovski ne suffira pas à faire venir en masse les investisseurs étrangers qui craignent toujours des incertitudes juridiques.
L’année 2013 aura été marquée par des interventions militaires françaises à l’étranger, notamment en Afrique : au Mali à partir de janvier, et plus récemment en Centrafrique. Ces interventions ne marquent pas un tournant néo-conservateur de la politique française parce qu’elles ont un cadre légal, et l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU. Elles sont demandées par les pays concernés et elles ont l’appui des pays africains.
L’intervention au Mali est venue restaurer ou apporter de la crédibilité à la France qui a été capable de répondre à une demande des autorités maliennes dans un cadre international et ce, très rapidement. La réactivité et la détermination française ont été remarquées et sont portées à son crédit, même si, bien sûr, cela reste une intervention de taille limitée.
Mais ce que l’on entend, par exemple, est que les Américains sont beaucoup plus lents dans leur réaction, et que lorsqu’ils interviennent, ils doivent mettre en place des forces beaucoup plus importantes, beaucoup plus puissantes ; la France, elle, en ressort avec une image de souplesse, de réactivité et de détermination. L’intervention en République Centrafricaine risque de se révéler bien plus délicate et dangereuse.
2013 n’aura rien apporté de bon aux Syriens, si ce n’est la poursuite des violences et le maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, qui a transformé une révolution pacifique en une guerre civile de plus en plus impitoyable, face à l’impuissance du reste du monde.
Le pays de 22 millions d’habitants compte 6 millions de déplacés à l’intérieur et 3 millions à l’extérieur. Son avenir en tant qu’État est en jeu.