L'édito de Pascal Boniface

France Inter : information et désinformation estivales

Édito
22 juillet 2011
Le point de vue de Pascal Boniface

Philippe Val a-t-il voulu donner un argument supplémentaire à mon livre « Les intellectuels faussaires »? On pourrait le croire puisqu’il a confié pour la grille d’été sur France Inter, une chronique quotidienne sur la géopolitique à Frédéric Encel.

S’il avait attribué une chronique quotidienne à un journaliste du Monde diplomatique, cela aurait déclenché un tollé au nom de la subjectivité de la personne choisie.
Philippe Val n’aurait pas pu confier non plus ce type de chronique, par exemple, à Gilles William Goldnadel qui est le président de « France – Israël ». Là encore il aurait essuyé le reproche de parti pris. Goldnadel affiche franchement ses convictions. Frédéric Encel cherche à masquer ses engagements communautaires sous des apparences universitaires. C’est le propre même de la stratégie d’influence.

Alexandre Adler a mis sa notoriété, acquise depuis longtemps, au service de la cause d’Israël. C’est la défense d’Israël, quoi que fasse son gouvernement, qui a assuré la promotion de Frédéric Encel.

Il n’a jamais obtenu de poste d’enseignant titulaire dans une université, ni de chercheur dans un Think tank, ni de journaliste titulaire d’une carte de presse. Il s’est régulièrement paré de titres universitaires qu’il n’a pas, afin de se donner une légitimité généraliste sur les questions internationales.

Mais pour que celle-ci soit plus efficace, il lui faut cacher son parcours au public. Il a abandonné ses références rituelles à Jabotinsky, le leader d’extrême droite israélien, ses condamnations des juifs qui ne soutiennent pas le gouvernement israélien, et il tente de faire oublier son passage au Betar.

Son intérim à France Inter est une « opération blanchiment » qui vaut la peine de faire l’impasse sur ses vacances estivales. Sa stratégie consiste à défendre Israël en masquant ses engagements communautaires. On peut d’ailleurs être certain qu’il cherchera à employer un discours apparemment modéré au cours de ses chroniques, et qu’il sera moins partisan que dans ses interventions régulières devant les instances communautaires. Le 29 juin 2011, reçu par le Comité directeur élargi du Crif, Frédéric Encel intervenait sur le thème de l’Assemblée Générale de l’ONU : « Israël menacée en septembre 2011 » selon le compte rendu de cette réunion que l’on peut trouver sur le site du Crif, il a rassuré son auditoire et montré qu’Israël est parfaitement en droit de protéger ses côtes et d’instaurer une blocus maritime d’un territoire ennemi. Il évoquait également le boycott des produits israéliens, les tendances actuelles de la diplomatie française, la détention de Gilad Shalit, le printemps arabe ou encore la politique des principaux partis politiques français à l’égard d’Israël.

Frédéric Encel a parfaitement le droit d’avoir les convictions qui sont les siennes. Là où c’est plus gênant pour le respect des auditeurs, c’est de cacher d’où il parle.
 


 

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