08.10.2024
Otages français au Sahel : peu médiatisés car non journalistes ?
Édito
12 septembre 2012
Le 16 septembre 2010, cinq Français, un Togolais et un Malgache, collaborateurs du groupe Areva et de son sous-traitant Satom (filiale de Vinci), étaient enlevés au Niger, sur le site d’extraction d’uranium d’Arlit, dans une opération revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le 27 février 2011, Françoise Larivee et les otages togolais et malgaches étaient libérés.
Cela fait près de deux ans que les familles des proches vivent dans l’angoisse et l’incertitude. La semaine dernière, une vidéo a été diffusée des quatre otages, vivants mais visiblement très fatigués. Ils demandent à ce que de réelles négociations s’ouvrent avec les preneurs d’otages.
Au départ, la revendication affichée d’Aqmi était politique : il s’agissait d’obtenir le retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Celui-ci ayant été décidé sans lien avec la prise d’otages, la revendication semble désormais plus strictement financière. Mais chacun sait qu’au-delà de l’affirmation officielle du refus de toutes rançon, la libération des otages a, chaque fois, donné lieu à une transaction financière. Nicolas Sarkozy l’a reconnu à demi-mots, peut-on lire dans une brève du "Journal du dimanche" de ce week-end.
Les familles estiment que les employeurs des otages, qui ont peut-être fait preuve d’absence de vigilance dans la protection de leurs employés, pourraient faire un geste. Les familles seront reçues le 13 septembre à l’Élysée. La cause de ces quatre otages a fait l’objet de moins d’attention publique que d’autres, mêmes si Jean-Louis Normandin président "d’Otages du monde", Hervé Ghesquière et Florence Aubenas sont très actifs dans le groupe de solidarités.
Pendant très longtemps, les autorités françaises ont demandé aux familles de ne pas trop communiquer sur le sort des otages, afin de ne pas faire monter les enchères.
Force est de constater aujourd’hui que cette stratégie n’a pas payé.
Force est également de constater que cette stratégie n’a pas été suivie pour les différents journalistes pris en otage, pour lesquels il y a une plus grande solidarité médiatique, ce qui a sans doute accentué la pression sur les négociateurs. La preuve : les différents journalistes ont tous été libérés.
En ce moment, le sort des otages au Sahel fait l’objet d’une grande mobilisation du fait de la sortie de la vidéo et de la proximité de l’événement de Meudon-la-Forêt. Mais après ?
On ne peut que se réjouir du fait que tous les journalistes – par ailleurs tous d’excellents professionnels et des personnalités de grande valeur humaine – aient retrouvé la liberté. On peut aussi regretter que les médias accordent moins d’attention aux otages français quand ceux-ci ne sont pas des journalistes.