L'édito de Pascal Boniface

Caroline Fourest contre-attaque

Édito
16 juin 2011
Le point de vue de Pascal Boniface

Caroline Fourest a été invitée à répondre à mon livre dans l’émission « Les Grandes Gueules » du 6 juin sur RMC info. Les arguments qu’elle utilise pour me répondre sont très forts, il me paraît dès lors normal d’en assurer une large diffusion :

« Pascal Boniface se présente comme un universitaire, il passe son temps en réalité à soutenir des régimes peu recommandables et à attaquer toute personne qui défend la laïcité, l’égalité ou le droit des femmes. Il en a tout à fait le droit mais qu’il n’essaie pas de faire croire qu’il y a des universitaires d’un côté et de l’autre des gens qui mentent. Il y a des gens qui ont des convictions différentes. Ce que je n’accepte pas de la part de Pascal Boniface, il peut dire ce qu’il veut, peu importe, c’est de laisser planer le soupçon que toute personne qui a travaillé sur l’intégrisme, et notamment sur l’intégrisme musulman, est vendue au lobby sioniste. Parce que c’est son grand problème et sa grande obsession. Je tiens juste à dire que j’ai fâché probablement énormément les islamistes, mais j’ai fâché aussi beaucoup de nationalistes israéliens et de pro-israéliens durs parce que c’est pas mon boulot, le conflit israélo-palestinien c’est pas mon sujet de prédilection, moi je travaille sur le front national ou les extrémismes catholiques en France. Mais franchement, cette malhonnêteté intellectuelle me donne parfois envie de savoir qui finance le laboratoire de recherche privé de Pascal Boniface. »

Cette réplique cinglante de Caroline Fourest vient complètement conforter ce que j’ai écrit sur elle. Caroline Fourest porte des accusations très graves, qui effectivement vaudraient une vive condamnation. Il n’y a qu’un seul problème : ces accusations sont mensongères. Afin de répliquer aux accusations de faussaire que je porte contre elle, citations à l’appui, Caroline Fourest répond par le mensonge, l’amalgame et la calomnie.

1. Je me « présente comme universitaire ». Elle sous-entend donc que c’est faux et que je pratique l’usurpation de titres. Après avoir été assistant à l’université, je suis maître de conférences titulaire depuis 1987, aujourd’hui en poste à Paris-VIII.

2. Je passerais mon temps à « soutenir des régimes peu recommandables ». Caroline Fourest serait bien en peine d’apporter des citations à l’appui de ces accusations. J’imagine que pour elle, s’être opposé à la guerre d’Irak revient à soutenir Saddam Hussein. Je m’oppose au choc des civilisations et à la stigmatisation de l’islam, je ne soutiens pas des régimes.

3. J’attaque « toute personne qui défend la laïcité, l’égalité ou le droit des femmes ». Là encore amalgame. Si on suit le raisonnement de Caroline Fourest, la critiquer, ce n’est pas lui porter la contradiction, mais c’est s’en prendre à la laïcité, l’égalité ou au droit des femmes qu’elle prétend donc incarner à elle seule.

4. « Qu’il n’essaie pas de me faire croire qu’il y a des universitaires d’un côté, des gens qui mentent de l’autre. Il y a des gens qui ont des convictions différentes. » Dans mon livre, je distingue ceux avec lesquels je suis en désaccord, mais que je crois sincères et ceux qui utilisent des contrevérités pour défendre leurs thèses.

5. Je l’accuserai « d’être vendue au lobby sioniste ». Je n’ai jamais employé cette expression. Je constate simplement que Caroline Fourest pratique le deux poids, deux mesures dans la condamnation de l’intégrisme musulman.

6. Elle parle de ma « malhonnêteté intellectuelle ». De sa part, c’est un compliment. Elle vient de prouver qu’elle est maitresse en la matière.

7. Tout ceci lui « donne envie de savoir qui finance le laboratoire de recherche privé de Pascal Boniface. » Ce sous-entendu calomnieux régulièrement employé à mon égard par les cercles extrémistes pro-israéliens, sous-entend que je serai financé par les régimes arabes. L’Iris est une association de loi de 1901, dont le conseil d’administration représente la diversité des opinions en France (la liste est disponible sur notre site : http://www.iris-france.org) qui a obtenu, il y a deux ans, la reconnaissance d’utilité publique et qui a fait l’objet, il y a quatre ans, d’une inspection de la Cour des Comptes qui a donné un satisfecit à notre gestion.

Au tribunal inquisitorial de Fourest, l’accusation vaut condamnation, les preuves sont inutiles puisque la cause qu’elle défend est juste. Je sais que ces attaques d’une rare perversité ne changeront pas son statut, elle sera toujours défendue par ses amis éditorialistes et patrons de presse, mais ceux qui connaissent la réalité de ses méthodes seront un peu plus convaincus de sa malhonnêteté intellectuelle et des libertés qu’elle prend avec la vérité.
 


 

Tous les éditos