05.12.2024
Il faut respecter les arbitres, il faut que les arbitres soient respectables !
Édito
21 décembre 2011
Selon lui, il est allé signaler une faute non sifflée à l’arbitre assistant Johann Perruaux qui lui aurait répondu « casse-toi l’arabe ». Venant se plaindre à l’arbitre Tony Chapron, celui-ci pour toute réponse lui a mis un carton jaune, puis pour mettre fin à ses protestations, un carton rouge. Le tout sans chercher à vérifier auprès de son assistant la véracité des accusations.
M. Chapron, dans une conférence de presse, a réfuté toute accusation à l’encontre de son assistant, disant qu’il connaît trop bien l’homme pour qu’il puisse tenir des propos racistes. Il explique que ce dernier était au Bénin il y a deux ans pour former des arbitres « S’il était raciste, cela m’étonnerait qu’il soit venu avec moi ».
Comme genre de défense on a vu plus intelligent. C’est un peu comme quelqu’un qui dirait « je suis allé en vacances à Marrakech c’est la preuve que je ne suis pas raciste. »
Je n’étais pas au match, mais il n’est pas difficile de réfléchir à haute voix.
Les accusations sont particulièrement graves. Soit Kamel Chafni dit vrai et il ne faut plus que cet arbitre et son assistant puissent de nouveau tenir un sifflet. Soit il s’agit d’une dénonciation calomnieuse et le joueur doit être sévèrement sanctionné. La Ligue Professionnelle de Football a diligenté une enquête, il faut que la lumière soit faite.
Le joueur n’est pas connu pour être un agité ou un provocateur. Ce carton rouge est apparemment le premier de sa carrière. Son énervement brutal ne semble pas feint et apparaît comme la réaction à une injustice. Tony Chapron est un arbitre confirmé, il est l’un des dirigeants d’un des syndicats des arbitres, celui qui avait déclenché la grève des arbitres en mars dernier afin d’obtenir de plus fortes rémunérations pour bénéficier d’une partie du contrat signé avec Nike. Le président de la FFF, Fernand Duchaussoy, n’avait pas cédé, et avait remplacé les arbitres confirmés par des jeunes qui avaient fort bien tenu leur rôle. Tony Chapron à un véritable bagage intellectuel, il est maître de conférences à Grenoble. Après un match à Toulouse, il aurait déclaré qu’il ne parlait pas avec les joueurs et qu’il ne voulait pas que les joueurs lui parlent car il n’avait jamais entendu une conversation intelligente sur un terrain. Il ne semble donc pas être l’ennemi de lui-même ni porté naturellement vers l’autocritique.
C’est bien le problème de l’arbitrage professionnel français. Il est en crise profonde. Les arbitres français ne sont plus reconnus au niveau international, sont divisés sur le plan intérieur par des querelles de personnes assez peu dignes. L’un des patrons de l’arbitrage français Bertrand Layec a été condamné pour diffamation et injures publiques à l’égard de son ancien collègue Bruno Derrien qui avait publié un livre très sévère sur l’arbitrage intitulé À bas l’arbitre.
Un joueur brestois, Larsen Touré a confirmé les accusations de Kamel Chafni, avant de devenir plus évasif. Bon point pour les arbitres ? Ou plutôt confirmation de la peur que suscite leur impunité et leur solidarité corporative, le joueur craignant d’être l’objet de représailles de la part du corps arbitral le reste de sa carrière ?
L’arbitre assistant a déclaré avoir une bande sonore du match pour affirmer après qu’il refuse de la transmettre. Faut-il rappeler à celui qui doit faire respecter la loi sur le terrain qu’enregistrer des gens à leur insu est illégal ?
Une fois encore, je n’étais pas à Brest, mais j’ai trop souvent entendu des joueurs se plaindre de propos insultants, de méthodes méprisantes du tutoiement de rigueur des arbitres à leur égard, en toute impunité. Les arbitres sont soumis à un stress important. Les téléspectateurs ont le secours de dizaines de caméras alors qu’ils n’ont que leurs deux yeux pour juger. Ils sont contestés en direct par les joueurs de football comme ne le sont jamais leurs collègues du rugby. Mais dans les catégories professionnelles, certains d’entre eux se permettent des actes et des propos inadmissibles. Eux qui se plaignent du comportement non respectueux des joueurs et du mauvais exemple qu’ils donnent, ne sont pas en reste. Ils mettent dans l’embarras les milliers d’arbitres qui, à des échelons inférieurs, se comportent tout à fait correctement et font respecter les règles en respectant les joueurs.
D’un mal peut naître un bien. Les instances du football doivent se saisir de cet incident pour faire toute la lumière et entamer une réforme en profondeur de l’arbitrage professionnel.
Il faut respecter les arbitres. Encore faut-il qu’ils soient respectables.