08.10.2024
Syrie, Égypte, USA, Corée du Nord, Japon… 2012, année stratégique
Édito
27 décembre 2012
En Tunisie comme en Égypte la situation n’est pas stabilisée politiquement. Cela n’a rien d’anormal. Qui peut croire qu’une révolution laisse place à un régime totalement apaisé et ancré dans la démocratie en quelques mois ? Ce serait une erreur de s’inquiéter outre mesure des vifs débats qui agitent ces pays, parce que, y compris dans les démocraties occidentales, les gouvernements sont souvent contestés.
Ensuite, parce que si la Tunisie et l’Égypte n’ont pas échappé à la violence, celle-ci semble pour le moment contenue. Il y a un débat politique qui est vif. Normal, la démocratie est en construction. Les partis islamistes au pouvoir sont contestés et ne peuvent parvenir à imposer leurs volontés. En Égypte et plus encore en Tunisie, une partie importante de la société conteste les gouvernements. Certains y verront un manque de stabilité, d’autres le fait que les opinions n’entendent pas se laisser déposséder des pouvoirs qu’elles ont conquis en faisant tomber Ben Ali et Moubarak.
Morsi s’est acquis une stature internationale nouvelle, redonnant un lustre inconnu depuis longtemps à la diplomatie égyptienne. Si cela flatte le patriotisme égyptien, cela ne lui donne pas pour autant un blanc-seing au niveau de la politique intérieure.
La situation est bien différente en Syrie, où le nombre de morts a désormais dépassé les 40.000. Bachar al-Assad a réussi à transformer en guerre civile ce qui était initialement une révolution démocratique. Il bénéficie toujours du soutien de la Russie et de la Chine mais il ne parviendra pas à rétablir le statu quo ante. Sa défaite est inéluctable, surtout depuis que l’opposition s’est unifiée permettant un accroissement de l’aide internationale.
Le problème n’est pas de savoir s’il tombera mais quand. Le problème c’est que de la réponse à cette question, dépend la vie de nombreux Syriens.
L’admission de la Palestine comme État non membre de l’ONU par un vote de l’Assemblée générale le 29 novembre 2012 est un acte historique. C’est une reconnaissance de la démarche de Mahmoud Abbas.
Un triomphe diplomatique, politique et symbolique important mais tant qu’aucune pression ne sera exercée à l’encontre d’Israël pour parvenir à une paix dont les contours sont connus depuis longtemps, cela ne change rien sur le terrain. L’occupation s’intensifie, l’isolement d’Israël s’accroît et les perspectives d’une paix réalisable s’éloignent. C’est une situation qui peut durer à court terme, mais catastrophique sur le long terme.
Quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont désigné cette année leur dirigeant suprême. Barack Obama a été réélu mais pas triomphalement. Il ne suscite plus l’enthousiasme de 2008. Mais il est plus rassurant que son challenger. Il ne fait plus rêver, mais n’inquiète pas.
En Russie, le changement c’est la continuité puisque Poutine reprend un siège qu’il avait provisoirement abandonné à Medvedev. Mais la contestation interne grandit et une société interne se développe.
En Chine, c’est une continuité dans le changement programmé avec un nouveau président dont on sait qu’il cédera la place d’ici 10 ans.
La seule véritable alternance a eu lieu en France, où François Hollande a battu Nicolas Sarkozy au cours d’une campagne électorale où les questions internationales ont été largement absentes. Mais Hollande se démarque déjà de son prédécesseur sur le plan international.
Entre le tir d’un missile nord-coréen et l’intrusion d’un avion chinois dans l’espace aérien japonais, il y eut une forte montée des tensions en Asie. On commence à s’habituer aux gesticulations nord-coréennes faites de provocations et de promesses d’ouverture sur fond de stratégies d’extorsion. C’est surtout la volonté de sanctuariser un régime qui a failli sur toute la ligne, sauf dans la constitution d’un appareil de défense.
La Corée du Nord est bel et bien le seul État totalitaire qui reste à la surface de la planète. La montée des tensions entre la Chine et le Japon est beaucoup plus inquiétante. Rationnellement, les deuxième et troisième PIB mondiaux n’ont pas intérêt à se laisser entraîner dans des dérapages incontrôlés. Mais dans les deux cas, les opinions sont beaucoup plus remontées que le gouvernement.
L’hostilité entre les populations chinoises et japonaises s’est largement accrue : c’est l’un des signaux le plus inquiétant de cette fin d’année.