L'édito de Pascal Boniface

Caroline Fourest récidive

Édito
30 octobre 2012
Le point de vue de Pascal Boniface
Toujours aussi rigoureuse, Caroline Fourest s’est fait remarquer en déclarant dans l’émission « Le Débat » sur France 24, le 8 octobre 2012 : « Ils [des jeunes français qui sont dans une énorme crise identitaire, dans une énorme frustration] ne comprennent toujours pas que dans un pays où on a exterminé six millions de juifs, c’est normal qu’on soit très sensible à l’antisémitisme. » C’est pour le moins historiquement contestable ! Mais les propos tenus avant l’émission sont également intéressants pour cerner le personnage de Fourest.

Cette émission, animée par Vanessa Burgraff, porte ce jour-là sur le thème « France-terrorisme : la dérive djihadiste ? » Caroline Fourest y participe au côté du député socialiste de Seine-et-Marne, Edouardo Rihan-Cypel. Avant de se rendre en plateau, elle a expliqué au député que l’Iris (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), que je dirige, est financé par des pays étrangers, en échange de quoi l’Institut ne critiquait pas ces pays dans ses recherches pour les remercier. Elle lui dit également que je suis complaisant avec ces pays dans le but d’avoir des financements. C’est de la calomnie. L’Iris a selon moi plus payé pour son indépendance que l’inverse ! Je n’ai par ailleurs jamais tenté de censurer ou d’orienter l’expression des chercheurs de l’Institut.

Autant je trouve que la critique est libre, autant la rumeur est un procédé indigne du débat démocratique.
 
Les prises de position que je peux prendre personnellement me valent régulièrement critiques et remontrances. Étant moi-même assez direct dans mon expression, je n’ai pas à m’en offusquer, tant que les règles du débat démocratique et ouvert ne sont pas transgressées. La critique et la polémique font le sel du débat intellectuel ; la diffamation et la rumeur en sont le contre-pied.

Dans un livre qui a été remarqué, Les intellectuels faussaires, je m’en suis pris, vivement mais ouvertement, à une série de personnes. Aucune d’entre elles ne m’a attaqué en diffamation. Cela prouve qu’il n’y a pas matière à le faire. J’ai en revanche eu le droit à des répliques directes ou indirectes. Caroline Fourest, notamment, m’a tantôt assimilé aux islamistes, tantôt à l’extrême-droite. C’est risible dans les deux cas. Elle a aussi indiqué, lors de la sortie du livre, qu’elle allait enquêter sur le financement de l’Iris. Mohamed Sifaoui en a fait de même. J’ai répondu publiquement à ces accusations publiques (cf. Les financements louches de l’Iris)

Caroline Fourest semble avoir changé de méthode en poursuivant sa campagne non plus dans la sphère publique mais dans le cadre de rumeurs qu’elle répand. Incapable de répondre aux arguments que j’avançais contre elle, elle cherche non pas à m’atteindre, mais à atteindre la réputation de l’Iris par des méthodes d’une dignité contestable. Or la réputation d’intégrité de l’Iris et d’indépendance vis-à-vis des puissances politiques et financières est bien établie, y compris en comparaison avec d’autres think-tanks. L’Iris a plus payé le prix de l’indépendance qu’il n’a été payé en échange de sa dépendance.

En revanche, si Caroline Fourest veut enquêter sur le financement du débat d’idées, elle peut regarder du côté de certains de ses amis, peu farouches vis-à-vis de l’argent de Sassou Nguesso, Ben Ali et autres diverses officines d’influence.
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