L'édito de Pascal Boniface

La libération de Gilad Shalit: la joie et les questions

Édito
12 octobre 2011
Le point de vue de Pascal Boniface

On ne peut que se réjouir de la libération de Gilad Shalit qui va pouvoir retrouver les siens, cinq ans après avoir été fait prisonnier et soumis à l’isolement. Cela provoque nécessairement émotion et empathie. Tout parent ne peut que se mettre à la place des parents de Gilad Shalit.

Au-delà de la satisfaction, plusieurs questions restent cependant sans réponse :

Comment expliquer que le gouvernement de Netanyahou accepte maintenant cet échange de prisonniers qu’il refusait auparavant ?

N’y a-t-il pas la volonté de conforter le Hamas par rapport à l’Autorité palestinienne après le succès diplomatique que Mahmoud Abbas a remporté à l’ONU ? En refusant de céder aux pressions américaines, il a renforcé sa crédibilité sur le plan intérieur palestinien. Avec l’obtention de la libération de 1027 prisonniers, c’est le Hamas qui signe une victoire auprès de l’opinion palestinienne.

Ceci prouve en tous les cas que le gouvernement israélien est capable de négocier, y compris avec le Hamas. Le gouvernement israélien affirmait jusqu’ici qu’il se refusait de négocier avec ce qu’il désignait comme une « organisation terroriste ». Il exigeait le même comportement des gouvernements occidentaux, qui s’y sont conformés. Cela a d’ailleurs conduit à un boycott du gouvernement palestinien issu des urnes en 2006. Cet échange montre que si on veut obtenir un résultat, il ne faut pas refuser par principe de ne pas négocier avec tel interlocuteur, fut-il déplaisant. On ne choisit pas ses interlocuteurs ou ses partenaires, ils sont imposés par la situation.

Rien ne devrait donc s’opposer à une négociation globale avec les Palestiniens pour aller vers un accord de paix, si celui-ci est effectivement recherché.

Les médias français célèbrent la libération de Gilad Shalit et la joie annoncée des retrouvailles familiales. Il ne faudrait pas oublier que les prisonniers Palestiniens ont également des familles et que les 1027 qui vont être libérés vont eux aussi retrouver les leurs. Dans les prisons israéliennes, ils avaient certes des droits de visite, mais on peut penser que la plupart d’entre eux étaient emprisonnés injustement, selon les lois de l’occupation.

Espérons également qu’il y ait du progrès du côté du franco-palestinien, Salah Hamouri, condamné sur la base d’intentions qui lui ont été prêtées et d’aveux que ses défenseurs considèrent comme extorqués. Certes celui-ci a, contrairement à Gilad Shalit, droit aux visites de sa famille. Mais celle-ci semble moins émouvoir la presse et la classe politique française.
 


 

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