L'édito de Pascal Boniface

Sarkozy avait parié sur des personnalités issues la diversité, Hollande va plus loin

Édito
29 mai 2012
Le point de vue de Pascal Boniface
François Hollande avait promis un gouvernement paritaire. Il n’avait pas pris d’engagement formel par rapport à la "diversité" (terme "fourre-tout" qui s’est imposé dans le langage courant), mais ses représentants occupent une bonne place dans le gouvernement.
 
Il faut rendre hommage à Nicolas Sarkozy pour avoir le premier donné à des personnalités issues de la diversité des postes-clés dans l’appareil gouvernemental. Autrefois cantonné à l’Intégration et aux Sports, ses représentants se voyaient attribuer des postes régaliens. Rachida Dati à la Justice, Rama Yade aux Droits de l’homme et rattachée au ministère des Affaires étrangères, constituaient des symboles forts. Fadela Amara obtenait un ministère plus classique mais représentait surtout une prise de guerre venue de la gauche.
 
François Hollande ne se serait-il mis que dans les pas de Nicolas Sarkozy avec la constitution du gouvernement Ayrault ?
 
Non, car les représentants actuels de diversité au sein du gouvernement n’ont pas les mêmes caractéristiques que ceux qui avait été désignés par Nicolas Sarkozy.
 
Celui-ci avait récompensé des destins individuels. Des personnalités qui avaient réussi à s’extraire de leurs conditions assignées et qui étaient des modèles de réussite personnelle. François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont désigné des personnes qui étaient porteuses de projets collectifs, militants de longue date en faveur de causes communes.
 
Chacun connaît le rôle que Christiane Taubira a joué par rapport à la reconnaissance de ce qu’était l’esclavage et des traites négrières. Kader Arif, comme Najat Vallaud-Belkacem, se sont toujours inscrits dans des parcours collectifs au sein du parti socialiste. Yasmina Benguigui s’est investie professionnellement dans la reconnaissance des discriminations dont souffrent certaines minorités. George Pau-Langevin est une ancienne dirigeante du MRAP. Ces personnalités ne se distinguent pas seulement par elles-mêmes, mais surtout par les causes qu’elles incarnent.
 
On peut certes dire que Fadela Amara, nommée par Nicolas Sarkozy, était également issue d’une association. Mais Ni Putes Ni Soumises a toujours été une association particulière dont la reconnaissance médiatique a été sans commune mesure avec son enracinement local et l’ancrage réel sur le terrain, quasi-inexistants.
 
Il peut paraître curieux que celui qui s’est montré si volontaire en termes de diversité ait fini son mandat avec des discours de stigmatisation des musulmans et des immigrés.
 
Si des propos comparables étaient tenus ultérieurement par des responsables socialistes de premier plan, on voit mal les actuels ministres issus de la diversité rester aussi silencieux que l’ont été ceux qui étaient restés proches de Nicolas Sarkozy.
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