L'édito de Pascal Boniface

L’ambassadrice d’Israël à l’IRIS

Édito
4 décembre 2017
Le point de vue de Pascal Boniface
Le 28 novembre, Madame Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en France, est venue donner une conférence devant les étudiants de l’Institut de relations internationales et stratégiques. Cela n’a pu que réjouir les partisans du débat et irriter ceux qui souhaitent le rendre impossible.

Début septembre, Madame A. Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en France, m’a contacté afin de prendre rendez-vous. Lors de ce dernier, elle me précisait souhaiter travailler avec tous les centres de recherche, bien qu’elle connaisse mes positions sur le conflit au Proche-Orient et que de nombreuses personnes l’aient mise en garde contre moi. Je lui réponds que l’IRIS est prêt à travailler avec tout le monde, tant que diverses opinions peuvent s’exprimer. J’ajoute que ma ligne de conduite personnelle est de toujours accepter le débat, même – et surtout – s’il est contradictoire. Ce que l’on peut davantage craindre me parait être son interdiction, qui l’amène souvent à se dérouler de façon souterraine et malsaine.

Ces contacts ont été antérieurs à la campagne menée par L’Obs et Marianne contre l’IRIS et moi-même, ainsi qu’aux déclarations de Manuel Valls affirmant avoir demandé aux ministères de l’Armée et des Affaires étrangères de cesser tous contacts avec l’IRIS, du fait de mes positions personnelles.

Je proposais à l’ambassadrice de prononcer une conférence devant nos étudiants, en lui garantissant un débat respectueux des personnes, qui pourrait néanmoins s’avérer critique des positions de son gouvernement. Elle me répliqua qu’elle était tout à fait disposée à participer à ce type de rencontre. Je ne doute pas que quelques radicaux aient pu lui reprocher sa « compromission » (ce qui fut d’ailleurs le cas après la conférence), tout comme je ne doute pas que certains viennent critiquer ma prétendue « soumission ».

Je demeure fidèle aux principes que j’ai toujours eus sur le conflit au Proche-Orient et ses répercussions en France, à savoir qu’au sein d’une démocratie, il ne faut pas cesser d’en débattre. Toutes les opinions peuvent s’exprimer, dans le cadre du respect des lois de la République. C’est d’ailleurs pour ces raisons que j’ai depuis longtemps débattu avec des personnes qui m’avaient vivement critiqué.

La conférence s’est déroulée le mardi 28 novembre 2017. Les étudiants d’IRIS Sup’ étaient présents en très grand nombre. L’ambassadrice, après avoir présenté sa position, a répondu à leurs questions, parfois très pointues. Mais, le débat est demeuré courtois, comme cela doit être le cas entre personnes responsables. Bref, un moment de libres échanges, où chacun a pu exprimer ses positions, sans agressivité ni censure.

Les étudiants, dont je suis particulièrement fier, ont pu s’exprimer librement et poser des questions critiques sur l’action du gouvernement israélien, auxquelles l’ambassadrice a répondu. Il y a toujours des personnes pour s’offusquer qu’on puisse débattre de certains sujets, avec ceux qui ne partagent pas les mêmes opinions. Mais, de même que la diplomatie sert à discuter avec les pays avec lesquels nous avons des différends, le débat est fait pour permettre à chacun de s’exprimer. Mme A. Bin-Noun n’est pas venue à Canossa et en l’invitant, je n’ai pas mis un genou à terre.

On souffre plus d’exclusion, d’anathème, de tentative de censure ou de diabolisation, d’amalgame et d’invective que d’une abondance de débats. Peut-on se prétende en faveur d’une solution à deux États en refusant tous contacts avec les autorités israéliennes ?
Tous les éditos