L'édito de Pascal Boniface

Questions à Aziz Senni, auteur de L’ascenseur social est toujours en panne… Il y a du monde dans l’escalier

Édito
28 octobre 2013
Le point de vue de Pascal Boniface

Aziz Senni s’était fait remarquer en 2005 avec son livre L’ascenseur social est en panne… : J’ai pris l’escalier ! (Editions l’Archipel, 2005). Né au Maroc mais arrivé jeune à Mantes-la-Jolie où il s’est établi, il a créé une entreprise de taxi collectif en 2000 puis a fondé « Business Angels des cités » en 2007, dont l’objectif est de lever des fonds pour soutenir des projets de développement économique des banlieues. Nous avons tous les deux fréquenté le lycée Saint-Exupéry de Mantes, il est vrai à des époques différentes. Mais cela crée quand même une complicité.
Engagé politiquement auprès de Jean-Louis Borloo après avoir été auprès de François Bayrou et Hervé Morin, il compte se présenter aux élections municipales de Creil. Faute de pouvoir se présenter à Mantes en vertu des accords UMP-UDI.
Il expose ses idées dans un nouveau livre
L’ascenseur social est toujours en panne… Il y a du monde dans l’escalier (Editions Le Passeur, 2013)



Lorsque vous étiez au Nouveau centre avec Hervé Morin et que vous vouliez vous présenter à la tête de la Fédération des Yvelines, le député Christian Blanc aurait déclaré : « On ne va pas laisser la fédération à un Arabe, c’est quand même la fédération des Yvelines ». Ce type de réactions est-il encore fréquent ?
Ce propos que je rapporte dans mon livre de la part d’un ancien Préfet, ancien Ministre dit « de gauche » relève les profonds conservatismes présents dans notre société.
Ce type de comportement ne s’exprime que très rarement de manière franche. Je n’ai jamais eu face à moi un homme ou une femme qui m’aurait affirmé dans les yeux de tels propos. Le conservatisme, l’hypocrisie et la lâcheté sont souvent liés. La dénonciation utile de ce type de comportement inacceptable est utile pour combattre les pensées sclérosées et faire vivre l’Egalité.


À de nombreuses reprises, les responsables des partis auxquels vous apparteniez voulaient vous confier des responsabilités concernant la diversité ou la banlieue. Est-il toujours aussi difficile pour un Arabe de sortir de cette assignation ?
Là encore c’est la facilité. Un automatisme qui n’est plus en adéquation avec les attentes de la société française. La Diversité quand elle veut être défendue doit s’exprimer partout, dans tous les domaines. Je suis certes un Français-arabe issu de banlieue, mais les compétences des individus ne se résument pas à leur origine ethnique ou sociale. Je crois avoir démontré quelques compétences en matière de développement économique, sur les sujets liés aux PME, je regrette que certains politiques et certains journalistes, par facilité, assignent les uns ou les autres dans telles ou telles cases. Je raconte dans mon livre que Jean-Louis Borloo est sorti de cette logique en me confiant les questions de tranquillité publique et de prévention de la délinquance. Il faut aussi saluer celles et ceux qui cassent les vieux réflexes.

Vous dites « suivre de près le conflit israélo-palestinien ». Si on est Arabe et que l’on veut faire de la politique faut-il nécessairement éviter de s’engager en faveur de la cause palestinienne ? Ne pas critiquer Israël sauf à courir le risque de se voir accuser d’antisémitisme ?
Comme de nombreux acteurs politiques français, j’analyse les problématiques sous l’angle de la Justice. J’ai exprimé à plusieurs reprises mon opinion sur le conflit israélo-palestinien, mon souhait de voir émerger deux Etats indépendants dans les frontières de 1967. Je pense que le droit international et les résolutions de l’ONU ne peuvent souffrir d’exception.
Dans mon livre, je relate ma rencontre avec le Président Shimon Peres et mes propos y sont clairs.
Je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir eu des reproches pour ma critique de certaines actions de l’Etat d’Israël. Je n’imagine pas qu’on puisse m’en faire.
Tout le monde est libre de pouvoir critiquer l’action de tous les Etats du monde. La France est critiquée à travers le monde. C’est normal. Nous devons entendre ces critiques qui peuvent parfois nous aider à nous améliorer.
Je reste attentif et milite aussi pour que ce conflit, à mon sens politique, ne soit pas exploité de manière religieuse.

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