L'édito de Pascal Boniface

Des proches d’Hollande aux postes clés ? L’État PS, un marronnier pour les médias

Édito
5 février 2013
Le point de vue de Pascal Boniface
François Hollande, contrairement à ses promesses de président impartial, nommerait des proches aux postes-clés de la République. Au-delà du débat sur l’État impartial, cela nous ramène à un problème récurrent dans les médias, le manque de mise en perspective.
 
Certes des proches de François Hollande ont été nommés. Mais y a-t-il réellement une rupture par rapport à ce qui se faisait précédemment en France ?
 
Que le "Figaro-Magazine" en fasse sa une est une chose, il est dans le combat politique c’est normal. Que d’autres médias s’engouffrent dans la brèche est plus étonnant. Après l’effet marronnier, y a-t-il un effet moutonnier ?
 
L’époque Sarkozy
 
La période précédente n’a pas été d’une grande impartialité. Nicolas Sarkozy avait soulevé les grands espoirs lors de sa campagne électorale pour l’élection 2007 en voulant rompre avec un système oligarchique français fermé. Il est vrai qu’à l’époque, y compris des gens de gauche avaient été séduits par son discours de rupture.
 
La question est de savoir si on nomme des gens compétents au poste et si on ne débarque pas des gens incompétents à des postes auxquels ils ont été nommés de façon abusive.
 
Au moment où l’affaire de l’Epad éclate, je me rappelle d’un déjeuner avec un élu UMP catastrophé par le retour des électeurs pourtant de droite exprimant leur colère que leurs enfants, petits-enfants bardés de diplômes avaient du mal à trouver un stage, alors que le fils du président, triple redoublant, devait être nommé à la tête d’une institution importante. À mon sens, cela a certainement constitué une rupture entre lui et l’opinion publique.
 
Interventionnisme
 
Philippe Val à France Inter, la nomination de la femme du ministre des Affaires étrangères à la tête de l’audiovisuel extérieur (ce qui aurait été impossible dans toute autre démocratie occidentale), ou Arnaud Klarsfeld à la tête de l’Office national de l’immigration sont des exemples de nomination sans aucune prise en considération des compétences. On pourrait citer de nombreux autres exemples. L’interventionnisme présidentiel allait jusqu’à recommander que tel ou tel animateur ami dispose d’une émission. Ce qui est plutôt étonnant n’est pas que Klarsfeld ait été viré mais qu’il n’ait pas été immédiatement débarqué du poste qu’il occupait.
 
Jack Lang a été nommé à l’Institut du monde arabe. Certes, il est de gauche et remplace un président de droite, mais celui-ci ne s’est jamais signalé par son intérêt pour le poste, et on peut d’ores et déjà parier qu’il va redynamiser l’IMA.
 
Certains médias mettent en avant qu’un rapport a été demandé à Hubert Védrine, ou Martine Aubry nommée comme envoyée spéciale pour la Chine. Mais Jean-Pierre Raffarin l’a été en son temps pour l’Algérie. Par ailleurs, rédiger un rapport ou exercer ce type de mission ne donne pas de pouvoir particulier. Le très compétent Olivier Schrameck (gauche) a remplacé le très compétent Michel Boyon (droite) qui était en fin de mandat. Il y a encore de nombreuses personnes incompétentes ou qui se sont signalées dans la période récente par un sectarisme politique peu républicain, (et je parle en connaissance de cause !) qui restent encore en fonction.
 
La démocratie française aurait beaucoup à gagner si le fait du prince perdait du terrain. Parler d’un État PS aujourd’hui relève plus de la polémique que de l’examen des réalités.
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