L'édito de Pascal Boniface

 Petits-ponts et contre-pieds. Trois questions à Alain Cayzac

Édito
20 mai 2014
Le point de vue de Pascal Boniface
Alain Cayzac a dirigé le PSG de juin 2006 à avril 2008 et est vice-président de la Fondation du Paris Saint-Germain et président du centre de formations d’apprentis des métiers du sport des métiers du sport d’Ile-de-France. Alors qu’il vient de publier, avec Guillaume Evin, journaliste indépendant, Petits Ponts et contre-pieds. Histoires insolites sur les 20 Coupes du monde, les souvenirs de 40 grands témoins, aux éditions du Moment, il répond aujourd’hui à mes questions.


1/ Quels sont vos 3 souvenirs les plus marquants, vos 3 flashs, quand vous pensez aux Coupes du monde du passé ?
 

– Suède, 1958. L’écran noir au milieu de la retransmission télévisée de la demi-finale France-Brésil. C’était la première Coupe du Monde que je voyais à l’écran, en noir et blanc, chez mes parents à Evreux. « La terre s’effondre ». Enfin, la lumière fut, mais pas la victoire.

– 1998. France-Italie au Stade de France en quart de finale. Lors des tirs aux buts, Di Biagio tire sur la barre. Je n’arrive pas à réaliser que l’on est qualifié. Dans un état second, je me perds dans le décompte des tireurs. On me secoue. Et c’est l’explosion !

– Espagne, 21 juin 1982, France-Koweït à Valladolid. Alors que la France mène 3-1, le frère de l’Émir du Koweït fait soudain irruption sur la pelouse. Il demande à l’arbitre soviétique d’annuler un but français. Et l’arbitre obtempère ! Ce dernier sera suspendu à vie par la FIFA. J’étais dans le stade et je revois le visage consterné de Michel Hidalgo, en short et tongs sur le bord du terrain, qui proteste contre cette décision totalement injuste. Un autre temps, une autre époque.

2/ Quelle figure incarne le mieux La Coupe du Monde? (joueur, dirigeant, coach ?)


Celui qui, à mes yeux, incarne le mieux la Coupe du Monde est Michel Platini. Et je ne le choisis pas seulement parce que nous sommes amis. Je l’ai adoré en Espagne en 1982, bien qu’il soit diminué par une blessure. Et plus encore au Mexique quatre ans après. J’étais sur place pour ces deux éditions. Je le cite aussi pour sa performance en tant que co-organisateur du Mondial 1998 avec ce grand dirigeant qu’était Fernand Sastre et le tellement efficace Jacques Lambert. Quelle formidable reconversion !

S’il m’était possible de décerner une médaille d’argent et une médaille de bronze, la première reviendrait à Zizou pour 1998 et 2006. Tout le foot dans ces deux « jeux de tête ». Tout le bonheur et tout le malheur du monde. Et la seconde irait à Pelé. Je ne place le joueur brésilien qu’en troisième position, car je n’apprécie pas le personnage, trop intéressé à mon goût. Vous voyez à quel point tout cela est subjectif. Enfin, au pied de ce podium imaginaire, je placerais Aimé Jacquet pour son courage face au bashing dont il a été victime, son art du management et sa droiture. Tout ce que j’aime.

3/ Quelle a été pour vous la plus belle Coupe du monde de l’histoire ?


Ma plus belle Coupe est celle de 1958 en Suède. Fontaine, Kopa, le jeune Pelé, le jeu « à la rémoise », l’effet de surprise, la blessure de Jonquet contre le Brésil, la victoire de la France contre l’Allemagne pour la troisième place avec mon copain Yvon Douis, un bijou de numéro 10, enfin titulaire pour ce match. Ensuite, je mettrais 1998, bien sûr. Pas besoin de commenter ce bonheur fou. Enfin, je décernerais un troisième prix à l’édition 1986 au Mexique. J’y étais et j’ai adoré : le pays, le soleil, le jeu, Platini, Luis.
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