La vie de l'IRIS

Réponse de Pascal Boniface au CAPJPO

22 mars 2005

RÉPONSE DE PASCAL BONIFACE AU CAPJPO


Au nom du CAPJPO, Olivia Zemor et Nicolas Shahshahani ont publié un texte intitulé "Tapis rouge pour l'ambassadeur d'Israël à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques", auquel il me paraît nécessaire de répondre.


Ce texte établit une confusion entre l'IRIS et moi-même. L'IRIS est un centre de recherche sur les questions internationales, pas un mouvement politique. En tant que directeur de cet institut, je revendique (et je pense avoir payé assez fort le prix pour le faire !), ma liberté de pensée et d'expression. En conséquence, il me paraît donc logique que les autres membres de l'IRIS bénéficient de la même liberté. Je ne vois pas au nom de quoi je réclamerais de leur part de renoncer à ce qui me paraît essentiel pour moi-même. Il n'y a pas de "ligne officielle" de l'IRIS sur le Proche-Orient comme sur tous les autres sujets. C'est justement le fait que l'IRIS soit un espace de liberté qui fait son originalité. Les seules règles sont celles du débat républicain et du respect de ses règles déontologiques. L'IRIS n'est pas une secte, la diversité qui y règne me semble préférable à un unanimisme qui me paraîtrait dangereux.


Nissim Zvili est invité à un petit-déjeuner comme l'a été le mois dernier Leïla Shahid. Il s'exprime dans notre revue comme le fait Leïla Shahid.
Inviter Nissim Zvili, que je tiens pour une personne respectable (quitte à aggraver mon cas!), ne signifie pas adhérer à tous ses arguments. C'est justement la définition du débat démocratique.


Quant à ma conversion à "la grande croisade contre le terrorisme", je renvoie à la lecture de mon prochain livre qui sera publié début avril aux Éditions Armand Colin "Vers la 4ème Guerre mondiale ?" pour en faire pièce.


Les sites Internet extrémistes pro-israéliens auxquels il est fait allusion sont ceux qui n'ont eu de cesse de m'attaquer et de vouloir me faire taire depuis plus de trois ans. Zemor et Shahshahani reprennent en fait leurs méthodes et leur cible.


J'ajoute que Guillaume Dasquié avait tout à fait le droit de figurer comme second sur la liste de Corinne Lepage aux élections européennes (sans faire mention de ses fonctions à l'IRIS ) comme j'ai eu celui de refuser de figurer sur celle d'Euro-Palestine. Je note d'ailleurs que lorsque Zemor et Shahshahani m'ont demandé avec insistance d'y figurer, la composition du Conseil d'administration de l'IRIS qu'ils critiquent aujourd'hui était la même.


Ils me reprochent de ne pas avoir donné suite à leurs demandes "d'échanges". Averti qu'ils allaient publier un texte sur l'invitation qui a été faite à Nissim Zvili par l'IRIS, ils m'ont en effet demandé de fournir une réponse, mais sans que je connaisse leurs propres arguments. J'étais donc sommé de répondre à une accusation dont je ne connaissais pas les termes. Je suis pour le débat, pas pour l'inquisition. La seule indication était qu'ils entendaient réagir à un texte que j'avais cosigné et qui défendait Leïla Shahid contre les attaques qu'ils avaient portées contre elle. Comment peut-on sérieusement se proclamer en faveur d'une paix juste au Proche-Orient en voulant à la fois interdire tout contact avec des représentants israéliens, quels qu'ils soient, et en récusant la représentante en France des Palestiniens ?


En conclusion, ce qui me sépare de Zemor et Shahshahani, c'est une question de méthodologie et de philosophie.


Pour ce qui est de la première, je ne crois pas que la fin justifie les moyens. Je pense au contraire que des moyens indignes peuvent gâcher les fins les plus nobles. Une paix juste au Proche-Orient et la création d'un État palestinien viable aux côtés d'un État israélien à la sécurité garantie par l'accord mutuel entre les deux peuples me paraissent ne pas mériter d'être dévoyés par des moyens fondés sur la délation, les insinuations mensongères, la calomnie et le refus du débat.


Enfin différence de philosophie, Zemor et Shahshahani estiment que "ceux qui ne sont pas avec nous, sont contre nous ". On voit sur quoi débouche ce genre de principes. Je n'y souscris pas.

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