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Le CCFD-Terre Solidaire et l’’IRIS lancent le Baromètre des sociétés civiles 2013

13 février 2014
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Le CCFD-Terre Solidaire et l’IRIS lancent
Le Baromètre des sociétés civiles 2013 - L’autre visage de la mondialisation


Paris, le 13 février 2014 – Le CCFD-Terre Solidaire en partenariat avec l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), publie aujourd’hui la première édition du Baromètre des sociétés civiles – L’autre visage de la mondialisation. Ce rapport, auquel ont participé des chercheurs de l’IRIS, est le fruit de l’expertise du CCFD-Terre Solidaire qui soutient et accompagne depuis plus de 50 ans des organisations de la société civile (ONG, syndicats, organisations professionnelles, mouvements sociaux) à travers le monde et finance leurs projets.



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Ce Baromètre prendra chaque année le pouls des dynamiques sociales dans le monde. Les analyses par région et par pays permettent d’appréhender le rôle joué par les sociétés civiles dans la transformation sociale et dans les relations internationales.


Pour Xavier Ricard, directeur des partenariats internationaux au CCFD-Terre Solidaire, « la société civile, lorsqu’elle parvient à constituer un sous-ensemble suffisamment dense du corps social, oppose une résistance, plus ou moins organisée, toujours inertielle à l’abus de pouvoir, et dessine les lignes de fond de l’histoire sociale. (…) Les sociétés civiles sont aussi des incubateurs d’innovations et de changements sociaux ».


Pascal Boniface, directeur de l’IRIS écrit quant à lui dans la préface : « Les événements récents ont montré que de l’Ukraine au Brésil, de la Turquie à la Chine, de la Thaïlande au Sénégal, les sociétés civiles prennent le pouvoir, expriment leur volonté et ne se laissent plus dicter leur conduite par leur gouvernement. C’est une révolution stratégique majeure ».


Les résultats obtenus sur la base d’un questionnaire adressé aux organisations partenaires du CCFD-Terre Solidaire dans 41 pays, reflètent le dynamisme des sociétés civiles tel qu’il est perçu, vécu et évalué par les acteurs qui les constituent. Voici quelques résultats :


Le Sénégal, premier du classement : depuis 10 ans, il existe en Afrique un contexte international et local très favorable au développement des sociétés civiles qui ont réussi à impulser de réelles dynamiques. Au Sénégal la société civile est l’une des plus vivantes du continent et joue un rôle indéniable dans le pays.


Certains résultats peuvent surprendre : la République démocratique du Congo est en 3ème position dans le classement pondéré. Un résultat qui peut sembler paradoxal mais le fait que les associations arrivent à se mobiliser même dans un contexte de guerre violente (notamment à l’est du pays) permet de relativiser ce paradoxe. Le Brésil est en 6ème position du classement pondéré alors que l’on peut percevoir sa société civile comme l’une des plus dynamiques au monde (influence au sein du mouvement social international avec le FSM, apports en matière d’éducation populaire, maturité politique). Après de nombreuses conquêtes, le mouvement social est arrivé à maturité et les termes du débat se sont déplacés. Pour les ONG brésiliennes – comme d’autres ONG sud-américaines – leur positionnement par rapport à des gouvernements qu’elles ont contribué à installer peut-être aujourd’hui source de tensions.


L’Algérie, dernière du classement : non parce que la société civile y est inexistante, mais du fait des difficultés des acteurs, notamment des organisations investies dans le champ des droits de l’Homme, de la mémoire ou encore du mouvement social, à peser sur l’avenir du pays dans un contexte de révolution avortée.


La première édition 2013 de ce Baromètre attire l’attention sur des avancées que l’on peut mettre au crédit des sociétés civiles :
- au Guatemala, la condamnation de l’ancien dictateur Rios Montt, pour crime de guerre et génocide, en dépit de la suspension de la sentence, doit beaucoup à la mobilisation sans faille des familles de disparus et des organisations de défense des droits humains.


- Au Tchad, la société civile est parvenue à surmonter les clivages ethniques, confessionnels et régionaux, et à bâtir une plateforme nationale dont l’agenda fait office de programme politique d’une transition démocratique encore à venir.


- Au Brésil, en Bolivie et plus largement en Amérique Latine, les organisations sociales sont parvenues à obtenir des gouvernements la mise en œuvre de politiques redistributives, d’ampleur inédite.


- En Tunisie, une coalition d’organisations de la société civile a élaboré les propositions qui ont permis de sortir de la crise politique dans laquelle se trouvait le pays après l’assassinat de deux leaders politique et de finaliser la rédaction de la nouvelle constitution.


Cependant, l’année écoulée n’est pas exempte de menaces : la montée du fondamentalisme religieux et la polarisation du corps social en Indonésie (dont témoigne l’annulation de l’élection de Miss Monde à Bali) font écho à la criminalisation des protestations sociales au Pérou (massacres de Bagua en 2011, crise minière à Conga en 2012-2013), ou en Afrique du Sud, durablement marquée par le massacre de Marikana en août 2012.


Enfin, un coup de projecteur sur les transformations de la société civile au regard des révolutions arabes à travers l’exemple de la Tunisie et de l’Egypte interroge le rôle de cette société civile dans le processus révolutionnaire et la construction d’une véritable transition démocratique.

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