ANALYSES

Tomomi Inada souligne l’importance de la coopération avec les alliés, dont la France

Tribune
11 janvier 2017
Tomomi Inada, ministre japonaise de la Défense, a tenu une conférence ouverte le vendredi 6 janvier à l’École Militaire de Paris. La ministre de Shinzo Abe a insisté en préliminaire sur les menaces de l’environnement stratégique. Et en premier lieu la menace terroriste qui frappe la communauté internationale. Elle a insisté aussi sur les déséquilibres et les menaces stratégiques en Asie orientale avec la Corée du Nord qui développe son programme nucléaire (deux essais atomiques en 2016) et balistique (plus de 20 tirs de missiles en 2016) et sur les tentatives de remise en cause du statu quo territorial en Asie, notamment en mer de Chine orientale et méridionale. Elle a appelé au respect du droit international pour résoudre les différends territoriaux.

Dans ce contexte et face aux menaces communes au Japon, Mme Inada a souligné l’importance de la coopération entre le Japon et ses partenaires. Même si une nouvelle administration entrera en service prochainement aux Etats-Unis, elle estime que l’alliance américano-japonaise demeure inchangée et vitale. Importance aussi de l’alliance qu’est l’OTAN. Dans ce contexte et compte tenu de leur place dans ces alliances, les Etats-Unis doivent continuer à promouvoir la paix et la stabilité dans le monde.

Le Japon, qui a modernisé ses lois de défense en 2015 et pourrait, un jour, amender la Constitution pacifiste de 1946 pour Mme Inada, c’est « un but du parti conservateur » au pouvoir-, s’est engagé envers la communauté internationale dans des actions de partenariat stratégique. Exemple éloquent cité par Mme Inada : la lutte contre la piraterie dans la Corne de l’Afrique. Engagée à partir de 2009, cette coopération a porté ses fruits. La piraterie et son cortège d’enlèvements ont très largement disparu de la région. C’est le résultat d’un partenariat réussi.

Le Japon coopère aussi sur le plan bilatéral avec de nombreux pays européens, dont le Royaume-Uni avec lequel elle a conduit en 2016 des exercices conjoints. Le pays développe sa coopération stratégique avec l’Allemagne avec des échanges de défense, avec les Pays-Bas et d’autres Etats. Cette « relation commence juste » avec les Européens, souligne Mme Inada. Ces pays ont en commun avec le Japon les nombreux défis de la mondialisation, mais ils possèdent l’avantage de partager les mêmes valeurs démocratiques. C’est pourquoi « il y a de la marge pour plus de coopération entre le Japon et l’Europe », estime Mme Inada. Avec la France, la coopération est ancienne et le dialogue stratégique remonte à 1995. En 2013, les relations se sont intensifiées au niveau ministériel.

Cette conférence s’est déroulée avant une réunion stratégique 2+2 entre les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de la France, Jean-Yves Le Drian, Jean-Marc Ayrault, et leurs homologues japonais, Tomomi Inada, Fumio Kishida. Parmi les sujets abordés, les politiques de défense des deux pays, la coopération pour la sécurité et la lutte contre le terrorisme, ainsi que la programmation des négociations relatives aux accords d’acquisition et de transferts croisés d’armement. Le Japon avait signé vendredi 13 mars 2015 avec la France un accord de coopération militaire avec transfert d’équipements et de technologies. Cet aspect a été abordé.

Le Japon et la France ont réaffirmé, vendredi à Paris, leur volonté de renforcer la coopération mutuelle dans les domaines de la défense et de la sécurité, si l’on s’en tient au communiqué conjoint publié à l’issue de cette troisième réunion des représentants des ministères des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays. Le Japon et la France « ont convenu d’entamer des négociations en vue d’un accord d’acquisition et de soutien logistique » visant à « renforcer, à terme, l’interopérabilité entre les armées française et japonaise et faciliter leur participation conjointe à des exercices, des opérations de maintien de la paix ou de secours humanitaire », selon le communiqué.

Les deux pays ont également affirmé « leur souhait de voir se concrétiser au plus vite une coopération sur les drones sous-marins destinés à la lutte anti-mines », et exprimé leur volonté de renforcer la coopération en Asie et en Afrique dans le domaine de la sécurité. Les deux parties ont aussi confirmé leur souhait de mettre en œuvre une coopération en matière de formation dans le domaine de la sécurité maritime à Djibouti, en 2017.

Parallèlement, le Japon et la France ont aussi appelé à « accroître la coopération bilatérale dans le domaine de l’observation des océans en utilisant les technologies satellitaires ». Ils ont salué la volonté de l’Union européenne de jouer un rôle plus important dans la sécurité en Asie. Mme Inada a d’ailleurs souligné, pendant la conférence à l’Ecole militaire, le fait que la France joue un rôle en Asie par sa présence dans le Pacifique. Elle a également souligné le fait que le Japon et la France participent à des exercices notamment en Nouvelle-Calédonie. Les deux pays sont donc appelés à un partenariat durable et fructueux comme le soulignait d’ailleurs le rapport du 8 juin 2016 du Sénat sur l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Japon, relatif au transfert d’équipements et de technologies de défense. Le rapport indiquait que : « Des discussions, afin d’identifier de possibles coopérations, sont déjà en cours. Il devrait, à moyen terme si ce n’est à court terme, être fructueux pour les entreprises françaises du secteur qui sont très désireuses de se positionner sur le marché japonais ».
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