ANALYSES

La candidature de Paris aux Jeux Olympiques 2024 en attente d’une confirmation politique

Interview
16 février 2015
Le point de vue de Pim Verschuuren

La semaine dernière, l’étude d’opportunité pour l’organisation des Jeux à Paris a été remise aux décideurs politiques locaux, en particulier Anne Hidalgo (Maire de Paris) et Jean Paul Huchon (Président du Conseil régional d’Île-de-France). Cette étude appelle de ses vœux une candidature parisienne aux Jeux de 2024.


Pourquoi la France aurait-elle besoin des Jeux ?


Aujourd’hui, les dossiers d’accueil des Jeux Olympiques (JO) se dirigent de plus en plus vers des projets urbains, sociétaux, où les notions d’héritage, de durabilité et de pérennité sont mis en avant. La France pourrait ainsi proposer une candidature qui permettrait à la région Île-de-France d’entreprendre ou accélérer un certain nombre de réformes d’urbanisme ou de transport, notamment dans la couronne nord de la ville, où pourraient se construire le village olympique, le centre des médias et la piscine olympique. Le Stade de France y est également implanté. Un projet olympique pourrait ainsi pleinement s’intégrer dans la réflexion actuelle du Grand Paris. Déjà la candidature pour 2012 contenait des projets ambitieux (la construction du village olympique dans le quartier des Batignolles notamment), et les JO de Londres ont également représenté un modèle de réhabilitation, ce qui a certainement continué de nourrir les ambitions françaises.


De même, les défenseurs du projet insistent sur l’importance d’investir dans un grand projet collectif, rassembleur, d’autant plus nécessaire en période de morosité économique et sociale. En ce qui concerne la question des retombées économiques, celles des Jeux 2012 ont été amplement soulignées par les officiels britanniques, mais il reste difficile de connaitre le vrai retour sur investissement pour ce type d’événements.


Pour la France, les Jeux 2024 seraient surtout l’occasion d’appuyer la diplomatie sportive développée par le Ministère des Affaires étrangères, et la dynamique internationale du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) représentée par le Comité Français du Sport International (hébergé par le CNOSF). Globalement, la France confirmerait son rang au sein de la gouvernance mondiale du sport et s’afficherait comme une nation entreprenante, dynamique et tournée vers l’avenir.


Quels sont les éléments favorables et défavorables à cette éventuelle candidature ?


La candidature, portée et soutenue par le mouvement sportif, est en train de convaincre la classe politique puisque le Président François Hollande, Patrick Kanner (ministre des Sports) et Jean-Paul Huchon ont été explicites dans leur soutien à une candidature française. Anne Hidalgo, plutôt réticente à l’origine, a accueilli positivement les résultats de l’étude d’opportunité et annoncé qu’elle consulterait les maires des arrondissements ainsi que des chefs d’entreprise d’ici avril 2015. A condition d’avoir une équipe de candidature soudée et soutenue par l’ensemble de la classe politique, et ce sur le long terme, Paris a toutes ses chances. Les derniers sondages d’opinion ont montré que la population française était favorable, sans pour autant atteindre les niveaux d’adhésion autour de la candidature de Paris 2012. Toutefois, cela peut changer rapidement à mesure que le projet est défendu dans l’espace médiatique. Le budget prévisionnel des Jeux, 6 milliards d’euros, a attiré les attentions la semaine dernière. Il est minimaliste au regard des autres éditions londonienne (11 milliards d’euros pour les olympiades de 2012) ou brésilienne (12 milliards d’euros prévus pour les olympiades de 2016), et prévoit surtout des fonds privés pour financer l’événement. Un budget low-cost aidera à rallier la population au projet, et va dans le sens de l’évolution du Comité International Olympique (CIO) qui a adopté certaines réformes de rationalisation. Tokyo 2020 l’a remporté avec un budget similaire. Mais les villes qui se sont déjà positionnées pour 2024 (Boston, Rome) s’engagent aussi sur ce type de budget. La concurrence risque d’être d’autant plus grande que l’Allemagne proposera également une candidature (qui aura un soutien de poids à travers le président du CIO qui est allemand), et qu’une première grande candidature africaine pourrait voir le jour.


Quelles sont les prochaines étapes ?


Anne Hidalgo, Maire de Paris, a annoncé qu’elle soumettra la question de la candidature au Conseil de Paris en mars et qu’elle consultera aussi des chefs d’entreprise. L’annonce publique de la décision interviendra d’ici juin, sachant que la candidature devra être officiellement déposée en septembre de cette année. Il restera ensuite moins de deux ans aux autorités françaises pour convaincre les cent treize membres du CIO qui attribueront les Jeux à l’été 2017. Il s’agira d’appliquer les leçons de l’échec de 2005 (pour les Jeux 2012) où, à quelques voix près, la candidature de Paris avait été battue par Londres.

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