ANALYSES

Egypte : quel est le paysage politique de l’après Moubarak ?

Tribune
12 août 2011
Quelles réformes ont été mises en place depuis la chute du Président égyptien Hosni Moubarak, et pour quels résultats ?
Je ne sais pas si l’on peut parler de « réformes » à ce stade, parce que nous sommes dans une période de transition. Il y a d’abord eu le référendum au mois de mars qui a réduit le mandat présidentiel à deux périodes de quatre ans. Ceci constitue la réforme essentielle de la constitution. Aussi, il y a désormais la possibilité élargie pour les citoyens de se présenter aux élections, ce qui représente une ouverture préalable pour remplacer Moubarak. Elle a été adoptée par 78% des 40% d’Égyptiens qui ont voté, ce qui symbolise un large assentiment populaire.
Une autre réforme, plus formelle qu’institutionnelle à ce stade, est la création d’un Conseil suprême des forces armées, avec à sa tête, l’ancien Ministre de la Défense, le Maréchal Tantaoui. Ce dernier joue un rôle qui n’est pas tout à fait officialisé, mais bien réel : celui de guide, d’élément de « clé de voûte » du système transitoire en place, l’armée s’étant engagée à rendre le pouvoir aux civils d’ici un an. C’est donc ce Conseil suprême des forces armées qui assure la stabilité et la paix dans le pays – la police s’étant retirée – et qui assure également la préparation d’un processus qui se déroulera en deux temps. Elections législatives au mois d’octobre, puis l’élection présidentielle, vraisemblablement au mois de décembre. Une façon, peut-être, de rendre le pouvoir aux civils de manière symbolique le 25 janvier 2012. Ce n’est qu’une hypothèse, mais on peut imaginer que c’est le calendrier que se fixe l’armée.
Dans ce cadre-là, il y a un gouvernement qui fonctionne avec une rotation rapide, beaucoup de démissions, des remaniements ministériels à répétition. Ce sont cependant les seuls points de réforme, l’essentiel restant à faire. C’est-à-dire l’épuration et la remise en marche de toute l’administration, où rien ni personne n’a changé, à commencer par le Ministère de l’Intérieur.
Le bilan des réformes est maigre. Les personnes ayant activé le mouvement de protestation sont forcément déçues. Une grande partie de la population, plus large que celle des activistes, est déçue parce que leur sort, loin de s’être amélioré, a au contraire empiré.
Le bilan des réformes est donc mince pour l’instant, mais on peut dire que symboliquement, la chute de Moubarak a entraîné virtuellement la chute de tout un système, mais cela reste à réaliser.
Quelle est la réaction du gouvernement face aux revendications des citoyens qui réclament le départ des personnalités jugées trop proches de l’ancien régime, et ces dernières ont-elles une chance d’être entendues ?
La question pourrait se poser différemment. Beaucoup de cadres de l’ancien régime sont encore présents dans le système. C’est-à-dire qu’un certain nombre de ministres, à commencer par le Premier Ministre, ont été des personnalités de l’ancien régime. Toutes les personnalités de l’ancien régime n’étaient pas forcément corrompues, ou pas d’une manière à s’attirer la vindicte populaire. L’opinion publique est vraiment remontée contre des personnalités qui, effectivement, s’étaient assuré des monopoles dans des pans de l’économie, qui étaient notoirement corrompues, ou qui étaient incompétentes, voire brutales à l’égard de la population, comme le ministre de l’Intérieur, Habib El Adli. Un certain nombre de procès sont en cours, à l’initiative du Procureur général selon des choix qui peuvent sembler opaques et des procédures précipitées. S ‘agit-il de livrer en pâture à l’opinion des personnalités contestées, pour calmer les impatiences ?
Les choses ne vont en effet pas très vite mais je crois que cela tient à plusieurs facteurs. Premièrement, faire des enquêtes dans la situation actuelle n’est pas facile, en raison du frein venant de l’intérieur. Il est évident que beaucoup de personnes ont été mouillées sur 30 ans. Il est difficile d’imaginer le nombre de gens qui ont été achetés d’une manière ou d’une autre, ou qui se sont directement servis dans les caisses de l’État. Il y a également une pression venant de l’extérieur, notamment d’Arabie Saoudite, qui a très peur de la contagion, et qui fait tout pour que le Président ne soit pas lui-même condamné. Elle a des moyens de pressions très forts, à travers les groupes salafistes qu’elle soutient ou l’aide financière qu’elle peut apporter au nouveau pouvoir. Si un président est condamné, cela fera un très mauvais exemple chez eux.
Les personnalités proches de l’ancien régime ne sont pas visées en tant que telles. C’est, pour l’instant, très personnalisé, et cela se limite à quelques dizaines d’anciens ministres ou d’hommes d’affaires dont les noms sortent dans la presse, qui fait un travail d’investigation important.
Il y a une mise à l’index d’un certain nombre de personnes et d’affaires de corruption par les journaux, qui sont désormais libres. Mais la prise en charge par la justice, c’est autre chose.
La population, évidemment, souhaite que Moubarak soit jugé. Du moins les activistes, car quand on parle de la population, il ne s’agit pas des 83 ou 85 millions d’Égyptiens, mais des 2-3 millions de personnes mobilisées, constituant une société politique et agissant aujourd’hui pour le changement – si l’on exclut la mouvance islamiste, qui a retrouvé sa liberté d’action après des décennies de répression. Ce que le peuple égyptien veut, c’est que les personnes corrompues soient amenées à rendre leur fortune, dans la logique que cela résoudra les problèmes économiques du pays. Ils se trompent sur ce point, puisqu’il est très difficile de récupérer de l’argent si celui-ci se trouve à l’étranger. Plusieurs dizaines d’années peuvent être nécessaires pour récupérer des fonds qui ont été transférés ou placés à l’étranger.
Pour ceux qui ont été coupables de violences, d’exactions, ou de tortures, c’est un autre registre. Pour l’instant les gens de la sécurité d’État ou de l’appareil sécuritaire n’ont pas été inquiétés, à l’exception de policiers dont on a demandé le jugement parce qu’ils avaient eux-mêmes brutalisé, torturé ou tué des détenus politiques ou des personnes qui avaient été interpellées pendant la révolution.
Les revendications des activistes sont assez ciblées, et visent en priorité les individus coupables d’exactions ou bien d’avoir donné des ordres dans certains moments forts de la révolution, et enfin les tortionnaires bien connus qui ont opéré pendant trente ans. Ceux-là sont très nombreux, et beaucoup passent à travers les mailles du filet aujourd’hui. Mais on n’est pas dans une phase d’épuration systématique des personnalités politiques ou des personnes qui ont été coupables de répression et d’atteinte aux droits de l’homme tout au long de ces années.
N’y a-t-il pas une contradiction entre la place et la fonction de l’institution militaire en Egypte et la prétention du CSFA à diriger la transition ?
L’armée s’est arrogée un rôle de protection des citoyens, et a permis la révolution. À partir du moment où elle a dit qu’elle resterait neutre et qu’elle comprenait les revendications des manifestants, que ce soit parce qu’elle avait des instructions de la part du pouvoir ou bien d’elle-même parce qu’elle a senti que les choses dérapaient, elle a joui d’un statut de « protecteur de la révolution ». C’est un rôle ambigu car elle protège d’abord ses propres intérêts. Ce qui est sûr, c’est que l’armée n’a pas envie de garder le pouvoir. La situation est très volatile, très tendue. L’Égypte est un pays complexe, beaucoup plus peuplé qu’en 1952 où il y a avait seulement entre 15 et 20 millions d’habitants. Il y en a maintenant quatre fois plus.
C’est une société beaucoup plus composite, moins rurale, plus urbaine, avec une conscience politique et des partis organisés. Ce sont des choses dont l’armée n’a pas les compétences de gérer. Elle n’a pas non plus les compétences techniques pour gérer un pays qui fait face à tant de difficultés, avec un taux de chômage écrasant et une misère généralisée – les deux-tiers de la population égyptienne sont en situation de précarité extrême.
D’un autre côté, il ne faut pas l’oublier, l’armée vit aux crochets de la société. Elle contrôle entre 20 et 30% de l’économie égyptienne. En réalité, elle réalise des ponctions sur les ressources en hydrocarbures, ou sur la vente de terrains désertiques à des entreprises touristiques. De plus, l’armée a la main sur beaucoup d’industries du pays : l’agroalimentaire, le bâtiment, la distribution de pétrole des stations-services… L’armée est vraiment un secteur de l’économie bis, ce qui permet non seulement d’entretenir le train de vie assez fastueux des officiers supérieurs et moyens mais aussi de tous les simples soldats qui sont assurés d’avoir à manger deux fois par jour. L’armée, c’est aussi des hôpitaux, des clubs, des écoles, des logements, des voitures, tout cela à des prix préférentiels auxquels n’ont pas accès la majorité des Égyptiens. Il vaut donc mieux garder tout cela de façon très discrète. C’est une des raisons pour lesquelles l’armée veut se retirer, pour ne pas être un jour mise elle-même à l’index ou qu’on lui demande des comptes.
La contradiction vient donc du fait que l’armée joue son rôle de stabilisateur. Elle contrôle le gouvernement ; elle ne veut pas d’une chasse aux sorcières des gens de l’ancien régime ; elle freine tout cet aspect judiciaire de lutte contre la corruption, parce qu’elle-même risque de passer rapidement en première ligne. Et vis-à-vis de la population, c’est une armée qui jouit d’un certain prestige parce qu’elle a « gagné » la guerre d’octobre 1973, et elle en est encore remerciée. Il y a également un service militaire obligatoire, qui fait que dans chaque famille, il y a des militaires qui font de 1 à 3 ans de service militaire. Puis il y a le prestige de l’uniforme. L’armée n’est pas coupée des citoyens par c’est un système où tout le monde a fait l’armée. Ce n’est pas une armée prétorienne.
Comment s’organise aujourd’hui la vie des partis politiques, quelle est leur marge de manœuvre et quel est le positionnement des Frères musulmans ?
Certains partis politiques sont préexistants. Ce sont des petits partis qui ont réussi à survivre aux années Moubarak et Sadate. Les Nassériens, le Wafd (parti néo-libéral comme le Néo-Wafd, héritier du grand parti laïque de l’indépendance lors de la lutte contre les Anglais) ou le Tagammou (le parti du rassemblement progressiste). Ces partis sont assez marginalisés, parce qu’ils ont eu des accommodements avec l’ancien régime, et qu’ils n’attirent pas les jeunes en raison de la moyenne d’âge élevée de leurs membres.
Il y a également des partis qui sont actuellement en réforme et qui représentent des mouvements importants, comme les partis nés des Frères musulmans. Parmi eux le parti Justice et Liberté par exemple. C’est un parti qui a été fondé récemment, en juin 2011, avec la libéralisation de la loi sur les partis – une des réformes mises en place. Les partis qui étaient interdits sont désormais légalisés, mais doivent passer devant une commission.
Les Frères musulmans sont présents à travers tout le pays. Le parti est déjà bien enraciné et représente une catégorie socio-professionnelle très identifiable de la population : petite et moyenne bourgeoisie des campagnes et des villes moyennes, pour l’essentiel. Ils sont adeptes d’un système économique libéral et d’un ordre moral (l’Islam), dans une société ou ceci résonne très fort. On peut imaginer que la majorité des gens veulent aujourd’hui des gens honnêtes et « religieux » tout en étant compétentes.
La vie des partis s’organise en fonction des moyens dont ils disposent. Le parti stabilisateur, et central dans le paysage est celui des Frères musulmans. Il y a également un parti émergent, An Nour (la lumière), celui des salafistes, qui sont de toute sorte d’obédience. Ils n’ont pas de chef bien précis, pas d’appareil, mais viennent de créer un parti. Ils essaient de s’organiser, de sortir de ce ghetto intellectuel. Ce sont des gens jeunes en général, encadrés par des cheikhs plus âgés mais qui ont chacun une sorte de chapelle. Il s’agit pour les fondateurs du parti de réunifier tout cela et de présenter un programme commun. C’est une véritable révolution culturelle pour les salafistes, puisqu’ils ne peuvent pas se contenter de dire que c’est le retour à l’âge d’or du Prophète. Il faut aussi répondre aux attentes des citoyens. Il faut donc parler d’économie, du social, du chômage, de l’emploi, de la formation, de l’éducation, etc.
Il y a un autre parti, qu’il faut mentionner. Il s’agit du parti Al Wasat, qui est un parti centriste créé il y a environ cinq ans d’une scission au sein des Frères musulmans. C’est un parti composé des « déçus » du système des Frères musulmans, que certains trouvaient trop stationnaire, et qui essaient de régénérer le mouvement.
Un autre parti est le parti Al Ghad (parti de Demain), un parti libéral qui est proche des Américains. Celui-ci n’a pas pour ambition de gouverner le pays puisqu’il est minoritaire. Mais son chef, Ayman Nour, a été l’opposant à Moubarak lors de la dernière élection présidentielle et il était arrivé deuxième, ce qui lui a valu de faire cinq ans de prison. Maintenant, ce parti essaie de se reconstituer, d’attirer des catégories modernisatrices, mondialisées, libérales sur le plan économique mais aussi le plan de la religion.
Ce n’est pas une liste exhaustive, car aujourd’hui, les jeunes essaient de faire leurs propres partis à partir des coalitions qui se sont montées sur la Place Tahrir, et de mouvements préexistants, comme le mouvement Kifaya de 2004 dont le slogan était : « Assez de Moubarak ». D’autres mouvements se sont structurés autour de Facebook, comme le mouvement Khaled Saïd, du nom du bloggeur qui avait été battu à mort par la police, ou le mouvement du 6 avril, qui a été le déclencheur du mouvement du mois de janvier.
Il y a également les anciens du système Moubarak. Ils ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Beaucoup de députés et de notables ont des bases locales ou régionales dans les campagnes et les petites villes, et peuvent donc avoir des suffrages. Est-ce que le Parti national démocratique va être dissous ? Est-ce qu’il aura le droit de se reconstituer sous un nouveau nom, avec de nouveaux leaders qui représenteront l’idéal libéral de ce mouvement – une fois que tous les anciens caciques auront été écartés, mis en prison, ou jugés ? Cela reste à voir.
Concernant les Frères musulmans, il ne faut pas oublier que la population égyptienne s’est ré-islamisée toute seule, depuis une dizaine d’années. Les femmes se sont voilées, avec le hijab ou le niqab, et les hommes font la prière dans les rues, de façon très ostentatoire et très massive. Les Frères musulmans ont-t-ils un message religieux à donner ? Je ne crois pas. En revanche, les Égyptiens iront voter pour eux, parce qu’ils les connaissent ; parce que les Frères musulmans ont une activité sociale et caritative importante. Ils ont suppléé aux déficiences de l’État en soignant les citoyens à l’échelle des quartiers et des mosquées, et en aidant les gens. Que ce soit au niveau des bourses étudiantes, des frais médicaux, ou de cours particuliers pour les enfants, tout cela était organisé par les Frères musulmans au niveau local. Peut-on gérer les affaires sociales et économiques d’un pays comme cela? Je ne pense pas. Mais dans l’islam la question sociale n’est pas abordée autrement que par l’aumône rituelle, par des gestes volontaires caritatifs. Le problème des Frères musulmans est que dans leur corpus idéologique, la notion d’État est nouvelle pour eux. Ce qui compte pour eux c’est l’Oumma des musulmans du monde entier. Les États sont des créations humaines, imparfaites avec une médiatisation et des gouvernants qui ne sont pas nommés par Dieu ou par la communauté, mais par un jeu électoral. Mais je pense, qu’ils ont fait ce pas psychologique d’accepter sans arrière-pensées ce système démocratique. Ils sont prêts à jouer le jeu des élections libres et de l’alternance, contrairement à ce que l’on pense en Occident. Même les salafistes y viennent. C’est un point à propos duquel les gens s’entendent.
Les Frères Musulmans ont également pris de front la question copte. Ils ont affiché des positions très ouvertes à l’égard des Coptes, en discutant avec l’Église copte ou avec les représentants laïques de la communauté copte. On s’aperçoit qu’ils sont finalement plus ouverts que ne l’était le régime précédent.
Les Frères musulmans jouissent d’un capital de confiance dans la population, mais c’est aussi un groupe où il y a des clivages internes entre le leadership et la base. Cette dernière est plus jeune, plus remuante, et demande une démocratie interne au sein de la confrérie et non pas le règne de vieillards. Il y a donc une révolution dans la révolution chez les Frères musulmans avec un brassage d’idées et peut-être aussi cette question sociale qui demande une réponse de la part des Frères. Le risque pour eux est d’avoir une majorité relative au parlement, d’avoir un nombre conséquent de députés et de participer à une coalition gouvernementale -ce qui est fort probable-, mais ils seront jugés à leurs actions et non pas à leurs idées. Il faut qu’ils soient en mesure de résoudre leurs contradictions. Ainsi, par rapport au tourisme, qui est la première ressource de l’Égypte en devises, cela veut dire accueillir des étrangers, donc servir de l’alcool ou du porc. Cela signifie une certaine liberté de mœurs. Les Egyptiens ne peuvent pas faire comme en Arabie Saoudite, alors que le pays accueille entre 10 et 15 millions de touristes chaque année. Ce serait suicidaire pour le pays.


En conclusion, je ne pense pas que les prochaines élections seront vraiment représentatives. Les plus importantes seront celles dans cinq ans.
Selon vous, le procès de Moubarak va-t-il influencer la vie politique du pays ?
Ce procès sera symboliquement une page de tournée, mais elle n’engage pas que l’Égypte. Il y a la dimension régionale au niveau du monde arabe que joue l’Égypte. Cela constitue un signal fort donné à tous les autres dictateurs ou chefs d’État qui sont aujourd’hui sur la sellette. Encore une fois, l’Arabie Saoudite est totalement opposée à ce procès et elle a des moyens de pression financiers particuliers. Cette dernière est prête à aider le budget égyptien à surmonter cette période difficile. Elle peut aussi financer certains groupes comme les salafistes pour éviter que l’Égypte ne devienne un modèle pour des groupuscules révolutionnaires dans son propre pays.
Hosni Moubarak reste actuellement sur place, il ne s’est pas enfui. Son procès est celui que l’Égypte se fera, d’une certaine manière, à elle-même. Moubarak a été au pouvoir pendant trente ans. Cela signifie que les trois quarts des Égyptiens n’ont connu qu’Hosni Moubarak. Beaucoup de gens en ont souffert, mais finalement, il a fait l’Égypte telle qu’elle est aujourd’hui. Est-ce qu’on peut le juger sur ses malversations personnelles ? Il avait été dit dans Le Guardian qu’il avait un trésor de guerre de 70 milliards de dollars ; cela avait ensuite été repris par tous les Égyptiens qui ne parlaient que de ça. A partir de ce jour, sa cote s’est effondrée. Il s’est finalement avéré que cette révélation n’en était pas une, puisque l’on parle aujourd’hui de 9 milliards de dollars, et on se demande même si le chiffre est si important que ça, dans la mesure où il avait un train de vie assez modeste. C’était un officier de l’armée, et il vivait comme tel. Ce n’est pas quelqu’un qui avait une vie fastueuse et qui passait son temps dans les casinos. Après, concernant sa famille c’est autre chose, comme c’est le cas dans beaucoup de pays. Il y a sa femme, ses fils et sa famille par alliance. Mais, les Égyptiens ont eu beaucoup de mal à faire tomber Moubarak. Il a fallu cette révélation sur sa fortune supposée pour que tout bascule.
Autrement, les Égyptiens ont toujours vécus avec lui, et ils ressentirent une certaine émotion quand ce vieux monsieur affirmait qu’il avait toujours servi l’Égypte loyalement, qu’il aimerait bien prendre sa retraite mais qu’il devait rester pour empêcher le chaos. Hosni Moubarak jouit encore d’un certain respect dans l’Égypte profonde. Ce procès ne va pas aboutir à une incarcération ou à une humiliation, d’autant qu’il est gravement malade.

* site du CEDEJ
blog de Marc Lavergne