ANALYSES

Quelles armes la France va-t-elle fournir à l’armée kurde ?

Presse
13 août 2014
La France est sur le point de livrer des armes aux Kurdes en Irak. Quel type de matériel l’armée française va-t-elle mobiliser selon vous?

Je pense qu’ils vont envoyer des armes de petits calibres (fusils, pistolets, grenades, etc.), des mortiers, des véhicules, des munitions et surtout des systèmes de communication, d’observation et de reconnaissance, dont ne disposent pas trop les Kurdes. La France pourrait aussi envoyer des missiles anti-char, une arme de base facile d’utilisation. Elle serait particulièrement utile pour faire face aux blindés dont disposent les djihadistes de l’Etat islamique. Mais il y a peu de chance pour que nous envoyons des avions de combat ou de l’armement lourd, compliqué à utiliser. Non seulement cela nécessiterait de former les Kurdes, mais en plus ce serait risqué pour nous. Personnellement, je ne suis pas certain de la fidélité des peshmergas envers la France. Il n’est pas impossible que ces armes se retournent contre nous.


L’armée française dispose-t-elle d’un stock spécial d’armes pour ce genre d’opération?

L’armée a quelques centaines de tonnes d’armes et de matériel de seconde main qu’elle n’utilise plus mais qu’elle conserve pour les revendre ou les donner à des pays amis. Ces équipements ne sont plus en service chez nous car plus compatibles avec nos systèmes modernes. Mais ils sont toujours en état de marche et peuvent être utilisés pour soutenir une force armée lors d’un conflit. C’est un centre des opérations des armées qui va se charger de récupérer tout ce matériel dispersé sur le territoire. Il sera ensuite embarqué par voie aérienne ou par bateau, comme pour l’acheminement d’aides humanitaires. Mais ce soutien militaire restera marginal, l’armée kurde étant plus importante en nombre que la nôtre.


L’Elysée n’a pas souhaité communiquer sur la nature des armes qui seront livrées, ni sur le volume. Pourquoi?

Pour des raisons de communication, il est toujours délicat de détailler une telle opération. Si le ministre des Affaires étrangères commence à énumérer tout le matériel à envoyer, il s’attirera forcément des critiques. Soit on lui reprochera d’envoyer du matériel de seconde main, soit d’envoyer trop ou pas assez. Je pense aussi que Laurent Fabius n’a pas voulu se lancer dans un inventaire à la Prévert en détaillant toutes les armes à livrer.

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