Notes / Sécurité humaine
5 février 2019
Europe, la gestion migratoire

Alors que le président du Parlement européen, Antonio Tajani, craignait avant le début du Conseil européen du 28 juin 2018 que « l’absence d’accord sur la manière de gérer la crise migratoire ne porte un coup fatal au projet européen », les vingt-huit chefs d’État et de gouvernement sont, après une nuit de négociation, arrivés à un consensus.
Le sommet européen du 28 juin 2018, présenté comme crucial pour l’avenir de l’Europe, se tenait alors que l’Union européenne (UE) semblait plus divisée que jamais sur la question des arrivées de personnes exilées sur son territoire. En l’espace de quelques semaines, les dirigeants de plusieurs États membres se sont en effet renvoyés la balle concernant leur responsabilité d’accueillir les bateaux de sauvetage des ONG intervenant en Méditerranée. Le 9 juin 2018, le navire Aquarius de l’organisation non gouvernementale (ONG) SOS Méditerranée, s’est vu refuser le droit, par l’Italie et Malte, de débarquer sur leur territoire les personnes secourues en Méditerranée. Finalement, après deux jours sans solution, le gouvernement espagnol accepta d’accueillir le navire en son port de Valence. Quelques jours plus tard, la France fit savoir qu’elle accueillerait 132 personnes après qu’une équipe de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) soit venue s’assurer que les personnes dépendaient bien du régime de l’asile. Cette annonce fut saluée par le chef du gouvernement espagnol, notant que la mise en place d’une coopération européenne sur l’accueil des migrants qui font l’objet de débarquements organisés est primordiale. Depuis cet événement, les situations de blocages se sont multipliées, contrairement aux objectifs du Conseil européen de juin 2018.
Né de la pratique et institutionnalisé par l’Acte unique européen, le Conseil européen fournit à l’Union européenne l’impulsion nécessaire à son développement et définit les orientations politiques générales. Le rôle des sommets européens explique son mode de fonctionnement ; par consensus. La politique générale de l’UE, qui sera ensuite mise en œuvre par les différentes instances européennes, ne peut être insufflée que par consensus de tous les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne. La politique migratoire, a fortiori depuis quelques années, n’échappe pas à cette règle et la nécessité d’obtenir un accord sur la question explique en partie les principales annonces faites le 29 juin. Plusieurs rencontres européennes ont mis à l’ordre du jour la question migratoire, mais les réponses, imprécises, ne viennent que confirmer la situation de blocage politique…