ANALYSES

Que signifie la mort de Kim Jong-Il pour la Corée du Nord ?

Interview
19 décembre 2011
Le point de vue de Jean-Vincent Brisset
Je ne pense pas que la mort de Kim Jong-Il ait de grandes incidences, à tout le moins dans un premier temps. Cet évènement était attendu, et la succession préparée depuis plus d’un an, qui plus est de manière solide avec la nomination de Kim Jong-Un, le fils héritier, vice-président de la commission militaire centrale, général à quatre étoiles, qui s’est vu prêter allégeance par l’ensemble des officiels nord-coréens.

L’arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un présente plusieurs changements intéressants : il est jeune (âgé de 28 ans, alors que son père n’a accédé au pouvoir qu’à plus de cinquante ans), il a un potentiel important, et est certainement plus ouvert que ne l’étaient son père et son grand-père ; il a fait des études en Suisse, dans une école privée, où il a rencontré des personnes d’origines diverses, et parle plusieurs langues étrangères, parmi lesquelles l’Anglais, le Français et l’Allemand.

Le deuxième changement notable réside dans les rapports du nouveau chef de l’État avec le clan qui tient le gouvernement. L’autorité qu’avait Kim Il-Sung sur celui-ci s’est amenuisée avec Kim Jong-Il, et devrait encore décliner avec Kim Jung-Un. Ce dernier verra certainement ses premiers pas guidés par son oncle et quelques maréchaux nord-coréens issus de la première génération de dirigeants.

Quel avenir peut-on alors envisager pour la Corée du Nord dans ses relations avec ses voisins asiatiques ? On dit souvent que la Corée du Nord est un grand allié de la Chine, mais je suis personnellement très réservé là-dessus, d’autant plus que les relations entre ces deux grands pays ne sont pas aussi ouvertes qu’on le pense. La discussion est entre eux souvent très difficile.

Quant aux Coréens du Sud, ils ont longtemps rêvé d’un rapprochement avec leur voisin nordiste, mais ce rêve s’est effondré lorsqu’ils ont pris connaissance du coût de la réunification entre les deux Allemagne, d’autant que l’économie de la Corée du Sud est nettement moins solide que ne l’était celle de l’Allemagne de l’Ouest à cette époque, et que la Corée du Nord est dans un état pire encore que ne l’était l’Allemagne de l’Est. À l’heure actuelle, si des liens ont été recréés, ils restent relativement distendus, et chaque année qui passe les distend encore un peu plus. La volonté de réunification a perdu de sa vigueur, plus particulièrement encore en Corée du Sud.
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