Colombie, les défis d’une présidence inédite

1 min. de lecture

  • Christophe Ventura

    Christophe Ventura

    Directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe

Avec 50,4% des voix (11,2 millions d’électeurs) contre 47,3 % (10,5 millions) à son adversaire Rodolfo Hernandez (Ligue des gouvernants anticorruption, indépendant de droite), l’ancien maire de Bogota Gustavo Petro est devenu, le 19 juin 2022, le premier président de centre-gauche de l’histoire colombienne. Cette victoire s’inscrit dans une dynamique qui voit depuis 2018 se confirmer dans plusieurs pays du sous-continent (Mexique, Argentine, Bolivie, Pérou, Chili notamment) une poussée de la gauche. Processus qui pourrait se poursuivre au Brésil à l’automne 2022. Cette dynamique trouve essentiellement son explication dans la dégradation continue de la situation socio-économique et de la vie démocratique qui caractérise depuis une décennie l’ensemble des pays de la région, qu’aucun gouvernement n’a été en mesure d’enrayer, quelle que soit sa couleur politique. Ainsi, depuis la crise financière internationale de 2008, l’Amérique latine connaît sa pire situation économique et sociale, exacerbée par les effets désastreux de la pandémie de Covid-19 dans cette région la plus touchée du monde avec les États-Unis. Comme dans d’autres pays latino-américains, c’est sur fond de crise socio-économique et de défiance politique radicalisée, orientée contre un gouvernement sortant sévèrement sanctionné et, au-delà, contre les forces politiques traditionnelles, que s’est dénouée la séquence électorale colombienne qui a mené la coalition de centre-gauche « Pacte historique » au pouvoir (élections législatives en mars et présidentielle en juin)…