Intégration des enjeux climato-environnementaux par les forces armées

  • François Gemenne

    François Gemenne

    Chercheur du FNRS à l’Université de Liège, enseignant à Sciences Po et à IRIS Sup’, co-directeur de l’Observatoire Climat et Défense à l’IRIS

  • Julia Tasse

    Julia Tasse

    Directrice de recherche à l’IRIS, responsable du programme Océan

  • Sofia Kabbej

    Sofia Kabbej

    Chercheuse associée à l’IRIS

  • Roman Monange

    Roman Monange

  • Fanny Babalone

    Fanny Babalone

L’augmentation de la température moyenne cause des perturbations importantes du système climatique – communément appelés changement(s) climatique(s) – qui se traduisent par l’occurrence de phénomènes extrêmes et à évolution lente (inondations, cyclones, tempêtes, sécheresse, élévation du niveau des océans, etc.). Ces phénomènes – ou impacts du changement climatique – peuvent avoir des implications environnementales mais aussi sécuritaires, en affectant les populations humaines (insécurité alimentaire, risques sanitaires, déplacements forcés), les Etats (gestion de déplacements intra et inter-étatiques, raréfaction des ressources naturelles) ou la sécurité internationale (tensions géopolitiques, conflits, etc.). Ces implications sécuritaires du changement climatique sont reconnues depuis les années 1990 par les communautés scientifiques et politiques, comme en témoignent les nombreux travaux académiques et institutionnels, l’organisation de conférences dédiées à ces thèmes au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, et plus récemment l’intérêt croissant de nombreux ministères de la Défense pour ces questions. En effet, compte tenu du mandat historique des forces armées de garant de la sécurité nationale, celles-ci se doivent d’assurer leur résilience face à la diversité des impacts du changement climatique.

Ce sont tout d’abord les infrastructures militaires (bâtiments, équipements) qui sont affectées par l’augmentation de la température moyenne et ses conséquences. Les missions des armées se trouvent inévitablement modifiées, tant dans leur nature (avec un accroissement des missions de sécurité civile en réponse aux catastrophes naturelles), que dans leur conduite (avec de nouveaux théâtres d’opérations et des conditions climatiques extrêmes). D’autre part, l’implication des forces armées dans la gouvernance du changement climatique semble inévitable dans la mesure où leurs activités ont souvent des conséquences directes sur l’environnement et le climat (construction de bases, d’équipements, déploiement de troupes, etc.). La priorité des forces armées demeurant de garantir la sécurité nationale, et parce qu’elles constituent les premier et dernier recours des gouvernements en cas de situation d’urgence, il est crucial d’assurer la résilience de l’appareil militaire aux crises climatiques et environnementales…