Juin 2025
Une lecture des gouvernants à l’ère du chaos algorithmique : perspectives de philosophie politique sur la trilogie de Giuliano da Empoli

RIS 138

Le pouvoir ne parle plus ; il agit, interrompt, sidère. Il ne gouverne plus par le droit, mais par l’effet, et n’incarne plus un horizon, mais une interruption. L’œuvre de Giuliano da Empoli offre une lecture organique de ce basculement comme mutation quasi civilisationnelle [1] et théorise une transformation structurelle du politique : l’effacement progressif de la médiation démocratique au profit d’un nouveau régime de gouvernement, fondé sur l’algorithme, la vitesse et la prédation. Ni dictature classique ni démocratie représentative, le pouvoir est sans sujet, viral, mimétique, et sa seule légitimité est la performance. « Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné, et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée » [2]. Cette ouverture assume la forme d’un diagnostic : une époque se clôt, une autre s’impose – celle où l’