Technologie et souveraineté/ Entretien avec Régis Debray

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  • Régis Debray

    Régis Debray

    Grand prix de Littérature de l’Académie française (2019) Prix Roger-Caillois (pour l’ensemble de son œuvre) (2016)

Olivier de France, François-Bernard Huyghe et Marc Verzeroli – Civilisation, votre dernier ouvrage [1], s’ouvre par une réflexion sur Paul Valéry… Régis Debray – Valéry est un génie géopolitique, même s’il n’utilise pas ce mot, qui était allemand. Il a eu la chance de comprendre le monde parce qu’il s’en tenait écarté – je rappelle qu’il est un poète. Valéry comprend avant les autres tout ce qui se trame entre les continents et les puissances. En 1897, il se trouve à Londres, où il écrit un article dans lequel il explique aux Anglais qu’ils vont devoir faire la guerre aux Allemands – ce qui, en 1897, peut sembler étonnant. Dans cet « Essai d’une conquête méthodique », ce sont les rouages de l’hégémonie allemande qui intéressent Valéry : au fond, il est toujours un ingénieur, un ouvrier, un technologue – nous dirions un médiologue : il s’intéresse donc au « comment ». Valéry discerne

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