« Le sentiment du rejet est un sentiment français » : échelles, imaginaires et métaphores du rejet de la France en Afrique

Romane Lucq et Marc Verzeroli – Vous êtes franco-béninois et avez été Premier ministre du Bénin de juin 2015 à avril 2016. Quel est votre rapport personnel à ce qui est parfois qualifié de « rejet français » ? › LIONEL ZINSOU – Dans la responsabilité publique, plutôt que mon poste de Premier ministre, c’est la campagne électorale en tant que candidat à l’élection présidentielle qui m’a exposé à la problématique du rejet français. Quand vous êtes en campagne, vous parlez avec des millions de gens, bien davantage que quand vous êtes Premier ministre. Vous écoutez leur parole d’un bout à l’autre du pays, avec des problématiques locales assez différenciées. On apprend ainsi beaucoup de choses sur son propre pays et on sent bien plus l’opinion qu’en étant dans un bureau de Premier ministre. J’ai de la distance avec l’idée du rejet français parce que je ne l’ai pas éprouvé physiquement, émotionnellement, dans cette campagn