Que peut faire la France avec l’Égypte et la Jordanie pour Gaza ?
Malheureusement pas grand-chose, sauf faire des communiqués dans la mesure où celui qui décide de l’agenda s’appelle Benjamin Netanyahu… Ces trois pays sont d’accord pour refuser le plan américain de nettoyage ethnique de Gaza et pour soutenir le plan arabe qui avait été mis en œuvre, notamment par les Saoudiens. Mais en réalité, il n’y a pratiquement aucune chance que Benjamin Netanyahu soit sensible à leurs arguments.
Est-il prêt à déstabiliser tout le Proche-Orient pour rester au pouvoir et échapper à la justice ?
Il est aujourd’hui dans un sentiment de toute-puissance puisqu’il est allé en Hongrie la semaine dernière, malgré le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale, et qu’il est aussi reçu à Washington, Donald Trump le laissant faire. Certes, sur le terrain, en allant ce mardi près de la frontière de Gaza, Emmanuel Macron essaiera de montrer que la France compte encore et il pourra toujours rappeler qu’elle est pour une solution à deux états, pour les Palestiniens et les Israéliens, et ainsi répondre à l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin qui constate l’effacement de Paris sur la scène internationale. Mais je doute que cela puisse déboucher sur quoi que ce soit. Il n’a aucune prise sur le Hamas et sur Netanyahu.
Qu’attendent de ce rendez-vous l’Égypte, premier client à l’exportation pour l’industrie d’armement française, en 2022, et la Jordanie, où la France a une base aérienne projetée ?
La France n’a plus de poids au Proche-Orient. Pour autant, face à l’offensive de Benjamin Netanyahu et de Donald Trump contre les Palestiniens, l’Égypte comme la Jordanie – qui sont dépassées par la menace que représenterait pour leur stabilité intérieure et leur avenir l’expulsion de deux millions de Palestiniens de Gaza — ont besoin d’être confortées par leur allié français. La France siège au Conseil de sécurité de l’ONU, et ces deux pays ont besoin de ce soutien affiché contre la volonté israélienne de chasser la population gazaouie pour (re) coloniser ce territoire palestinien au nom d’une future « Riviera ».
Ce « nettoyage ethnique » pour reprendre vos mots, a-t-il des chances d’aboutir, alors que les massacres de civils ont repris depuis bientôt trois semaines ?
Il est déjà en train d’être mis en place, visiblement. Lorsqu’Israël bloque l’entrée de nourriture et de fournitures humanitaires à Gaza et prive la population de tout secours tout en multipliant les bombardements, l’objectif est clair. Il s’agit d’affamer et de terroriser des gens pour qu’ils n’aient plus d’autre solution que de fuir leur pays. En cela, Netanyahu agit là encore en toute impunité car il met à profit, en l’occurrence, le silence de la communauté internationale, occupée ailleurs, par l’Ukraine ou Donald Trump, et qui n’émet que des protestations diplomatiques de circonstance.