Peut-on penser un ordre international ? Si tel était le questionnement posé par La Revue internationale et stratégique dans un dossier dirigé par Dario Battistella en 2004, la fragilisation actuelle du droit international et, plus largement, le retour de relations internationales dominées par les logiques de puissance et le recours à la violence sous toutes ses formes en renouvellent l’acuité.

« [I]l y a un ordre international lorsque l’anarchie parvient à s’autoréguler en dépassant le désordre originel qu’est l’état de guerre, c’est-à-dire lorsque les États, ou du moins la plupart d’entre eux, parviennent à établir des règles communes et des institutions permettant d’assurer la stabilité du système international dans les trois paramètres que sont la sécurité, la souveraineté et le territoire étatiques », écrivait Dario Battistella dans le propos introductif de ce dossier. Autrement dit, « la structure anarchique de jure de la société internationale n’exclut pas la nature hiérarchique de facto des relations entre entités membres ».

La réflexion engagée à l’époque posait déjà la question des éléments susceptibles de donner consistance à un tel ordre, au-delà de la seule structure théorique décrite par l’auteur. La montée en puissance de la Chine, jusqu’au duel stratégique avec les États-Unis, a renouvelé le champ des acteurs et fragilisé la position des « États satisfaits de cet ordre ». Les notions qui paraissaient les plus stables – l’intérêt national, voire la géopolitique elle-même – sont bousculées par l’irruption de la nature dans le champ politique à travers les changements climatiques, ainsi que par les mutations technologiques. À moins qu’il ne s’agisse encore d’un changement dans la nature même des gouvernants, comme le révèle notamment une lecture croisée de la trilogie de Giuliano da Empoli.

Si l’on peut s’interroger sur les risques de désordre que ces dynamiques annoncent, penser l’ordre international actuel suppose toutefois de nouveaux cadres et outils, dans le prolongement mais aussi au-delà des débats ouverts à l’IRIS il y a plus de vingt ans, dont la sobriété ou le genre peuvent constituer des exemples. Autant de dimensions que cette liste de lecture propose d’explorer.

Articles

RIS

Avril 2025

Vers de nouvelles intelligences de la puissance ?

Échange avec Bertrand Badie

Professeur émérite des Universités à Sciences Po Paris

et Joseph S. Nye

Professeur émérite et Distinguished Service Professor à l’Université Harvard, ancien doyen de la Kennedy School of Government de Harvard.

Propos recueillis par Marianne Péron-Doise et Marc Verzeroli, les 10 décembre 2024 et 8 janvier 2025. Traductions des propos de Joseph S. Nye Jr. par Romane Lucq

ouvrage

29 septembre 2023

Géopolitique du basculement

Marine de Guglielmo Weber

Ancien.ne chercheur.se à l'IRIS

Julia Tasse

Directrice de recherche à l’IRIS, responsable du programme Océan

ouvrage

16 juin 2023

Vers une désoccidentalisation du monde ?

Didier Billion

Directeur adjoint de l’IRIS

Christophe Ventura

Directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe

RIS

Novembre 2021

Géopolitique de la nature, nature de la géopolitique

Olivier de France

Directeur de recherche à l’IRIS, en charge du programme Europe, sécurité, stratégie.

Bastien Alex

Responsable du Programme Climat-Énergie au WWF France, en charge des problématiques d’atténuation, d’adaptation au changement climatique et relatives à la transition énergétique. Chercheur associé à l’IRIS, il y a travaillé pendant dix ans, principalement sur les impacts géopolitiques et sécuritaires du dérèglement climatique.

RIS

Novembre 2021

Inventer une géopolitique de la nature : « Les questions écologiques font éclater la notion d’espace »

Bruno Latour

Sociologue et philosophe, est l’auteur, entre autres, de Enquête sur les modes d’existence (2012), Où atterrir ? (2017), Où suis-je ? (2021) et Mémo sur la nouvelle classe écologique (2022).

Bastien Alex

Responsable du Programme Climat-Énergie au WWF France, en charge des problématiques d’atténuation, d’adaptation au changement climatique et relatives à la transition énergétique. Chercheur associé à l’IRIS, il y a travaillé pendant dix ans, principalement sur les impacts géopolitiques et sécuritaires du dérèglement climatique.

RIS

Juin 2021

Rivalité stratégique et alliance systémique : Xi Jinping, Donald Trump et le national-capitalisme autoritaire

Pierre-Yves Hénin

Professeur émérite à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur associé au Centre d’économie de la Sorbonne (UMR 8174). L’auteur remercie Ahmet Insel et Jean-Pierre Laffargue pour leurs remarques et Antoine Brunet pour les échanges qui ont éveillé son intérêt pour le sujet.

Ahmet Insel

Politologue, ancien maître de conférences à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et ancien professeur à l’université de Galatasaray, il a notamment publié, avec Pierre-Yves Hénin, Le National-capitalisme autoritaire. Une menace pour la démocratie (Bleu autour, 2021).

RIS

Juin 2020

Quel ordre international en 2030 ?

Manuel Lafont Rapnouil

Diplomate, directeur du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie, membre du comité de rédaction de la revue Esprit, il s’exprime ici à titre personnel.

Marc Verzeroli

Responsable d’édition à l’IRIS, Rédacteur en chef de La Revue internationale et stratégique

ouvrage

19 juin 2018

Géopolitique et technologie

Olivier de France

Directeur de recherche à l’IRIS

François-Bernard Huyghe

Directeur de recherche à l’IRIS