Les États-Unis et l’ONU, une relation à sens unique

  • Noam Chomsky

    Noam Chomsky

    Professeur émérite de linguistique, Massachusetts Institute of Technology

  • Romuald Sciora

    Romuald Sciora

    Chercheur associé à l’IRIS, directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis

Lorsque j’étais étudiant, j’estimais que l’Organisation des Nations unies était une heureuse initiative, je n’avais aucune illusion quant aux difficultés qu’elle rencontrerait pour mettre en oeuvre les idéaux exaltants qui avaient inspiré sa création. Au fil des ans, j’ai suivi de très près la manière dont elle a fonctionné, surmonté chacun des obstacles qu’elle a rencontrés, mené ses diverses luttes. J’ai même été à plusieurs reprises convié à apporter mon témoignage devant la quatrième commission de l’Assemblée générale des Nations unies1 à New York au sujet de l’invasion indonésienne du Timor oriental. Mon opinion n’a guère changé. Je continue de penser que l’ONU représente un espoir pour l’humanité, mais qu’elle ne pourra pas atteindre son plein potentiel tant que les grandes puissances ne lui permettront pas de fonctionner comme il faudrait, et que le reste du monde ne parviendra pas à surmonter la corruption, la violence et les autres entraves à la pleine réalisation de sa mission.

L’une des principales contributions des Nations unies en matière de paix dans le monde est sans conteste l’envoi de casques bleus qui opèrent si courageusement dans des circonstances très difficiles, et dont les résultats divergent selon les opérations. Ils sont parfois partiellement efficaces. Mais ils ne peuvent ni confronter les armées, ni empêcher les violations de frontières que l’on observe presque quotidiennement, au Moyen-Orient par exemple. Ils ne peuvent que les dénoncer. Dans d’autres situations, leur présence a pu freiner certains actes de violence ou de destructions, mais ils ne peuvent rien faire de plus. Ils n’en ont ni les moyens, ni l’autorité…