L’Océanie française à l’heure de l’Indo-Pacifique : entre local et global

  • Raihaamana Tevahitua

    Raihaamana Tevahitua

    Diplômé d’IRIS Sup’ en Géopolitique et prospective

  • Marianne Peron-Doise

    Marianne Peron-Doise

    Directrice de recherche à l’IRIS, co-responsable du programme Asie-Pacifique, directrice de l’Observatoire géopolitique de l’Indo-Pacifique

En endossant le concept d’Indo-Pacifique en 2018, la France a donné une importance stratégique nouvelle à ses territoires insulaires situés dans l’océan Indien et le Pacifique Sud. Cet ancrage régional à dominante maritime et le statut de puissance résidante que la France en retire, n’est cependant pas intangible et subit le contre-coup des relations politico-économiques qu’elle entretient avec ses collectivités lointaines. Les fluctuations de ce paramètre sont en outre, soumises à des évolutions géopolitiques globales dominées par la rivalité grandissante entre la Chine et les États-Unis dans la région.

C’est particulièrement évident en Océanie, où l’activisme diplomatico-économique de Pékin met à mal les équilibres régionaux et le Pacific Way, tandis que les puissances traditionnelles – au premier rang desquelles la France, l’Australie ou encore la Nouvelle-Zélande – s’efforcent de redéfinir des relations de confiance avec les micro-États insulaires. Pour les États-Unis, la zone pacifique et ses prolongements sont prioritaires dans leur confrontation avec la Chine. En témoigne l’organisation du premier sommet États-Unis – Océanie par l’administration Biden à Washington en septembre 2022. Cette rencontre fait écho à la signature d’un accord de coopération très controversé, entre Pékin et les îles Salomon en avril 2022, qui permet l’envoi de policiers chinois et offre d’éventuelles facilités logistiques aux navires chinois sur place. La Chine a beau jeu de se positionner comme un grand pays en développement, proposant des investissements et un modèle de croissance et de gouvernement alternatifs. Elle a d’ailleurs intégré 11 États océaniens dans son projet de Belt and Road Initiative (BRI)…