Notes / Observatoire Genre et géopolitique
15 septembre 2021
« Avoir un discours sur la justice sociale sans les dominé.e.s n’a pas de sens »
MARIE-CÉCILE NAVES : Pourquoi ce livre et pourquoi ce format ?
SARAH MAZOUZ : Avant d’être un livre, c’était un article intitulé « Cartographie du surplomb », et publié dans un numéro spécial de la revue Mouvements1 en 2019. Il portait sur la controverse scientifique (et pas encore la polémique actuelle) relative au concept d’intersectionnalité. Un billet de blog de Gérard Noiriel (qui a publié ensuite un livre avec Stéphane Beaud) avait été relayé sur les réseaux sociaux, parlant de la « gauche identitaire » française et prévoyant un marasme électoral à l’aune de cette notion. Ainsi, tous les maux de la gauche semblaient venir d’un surinvestissement des questions identitaires, et notamment de l’intersectionnalité, laquelle conduirait à faire de la mauvaise sociologie, segmenterait les luttes et serait essentialisante, ce qui est le procès que l’on nous fait aujourd’hui.
Depuis l’assassinat de Samuel Paty, certains dirigeants politiques, mais aussi certains universitaires ont attaqué les sciences sociales. L’intersectionnalité est devenue le mot qui permet de désigner, par le camp conservateur et réactionnaire, ce qui les gêne et qui est censé être le moteur de tous les problèmes que traverse la France. Avec des rapprochements inexcusables et éhontés avec le djihadisme…