« Il y a un appétit et un besoin du lectorat pour des livres en sciences humaines et sociales »

  • Chloé Pathé

    Chloé Pathé

    Directrice de la maison d’édition indépendante Anamosa

  • Marie-Cécile Naves

    Marie-Cécile Naves

    Directrice de recherche à l’IRIS, directrice de l’Observatoire Genre et géopolitique

MARIE-CÉCILE NAVES : Votre maison d’édition, Anamosa, propose un large catalogue de livres de SHS, de tous formats, ainsi que des ouvrages qui s’appuient sur la recherche, mais analysent ou racontent le réel de multiples manières. Pouvez-vous nous en parler, et nous dire comment vous choisissez vos autrices et vos auteurs ?

CHLOÉ PATHÉ : Le projet d’Anamosa est en effet de publier des sciences humaines et sociales, avec une dimension laboratoire, au sens de lieu d’expérimentation, du moins c’est l’ambition. Cela passe par la construction des objets/sujets, qui sont neufs. Je pense à l’ouvrage de la juriste et historienne du droit Victoria Vanneau, La Paix des ménages. Histoire des violences conjugales, XIXe-XXIe siècle paru en 2016 et devenu une référence : par son angle, ce livre est une contribution à la compréhension historique de la place du droit et de la justice dans le processus de pacification des moeurs qui tenaille tant la France depuis le XIXe siècle. Et, alors qu’on sait combien désormais la question est traitée comme un fait de société, j’ai toujours en tête qu’il y a plus de quinze ans, lorsque Victoria Vanneau était en thèse, on lui disait que c’était un « sujet de bonne femme » ! Je pense également à L’Appel de la guerre. Des adolescents au combat, 1914-1918 (2019) de l’historienne Manon Pignot, qui est certes un apport à l’historiographie de la Première Guerre mondiale, mais aussi un ouvrage sur l’adolescence, avec un recours à l’anthropologie et à la sociologie, qui renvoie la lectrice et le lecteur à ses interrogations sur nos ados d’aujourd’hui, celles et ceux que nous avons pu voir partir combattre en Syrie il y a quelques années et les autres…