Les relations sino-européennes à l’aube d’une nouvelle ère ?

EMMANUEL LINCOT : Votre dernier livre offre une approche fictionnelle des acteurs internationaux et sous la forme d’une prospective. Pourquoi avoir eu recours à ce procédé littéraire ?

DAVID BAVEREZ : La génération à laquelle j’appartiens s’est nourrie essentiellement de préjugés, car son Histoire a été très rectiligne. Le principal bouleversement pour elle a été la chute du Mur de Berlin, qui n’a servi qu’à renforcer ses convictions existantes, dont le paroxysme fut atteint avec la prétendue « fin de l’Histoire ». Aujourd’hui, la situation est l’inverse, l’Histoire est de retour avec vengeance. Pour aborder la montée en puissance de la Chine, il faut accepter d’abandonner ses préjugés et d’être confronté à un « Empire des paradoxes ». Il m’a donc semblé plus approprié de recourir à un dialogue fictif entre le président Xi Jinping, d’une part, et des experts européens, d’autre part, de manière à pouvoir présenter objectivement les points de vue de chaque camp en présence…