L’influence des mouvements évangéliques en Amérique centrale aujourd’hui

  • Gilles Maury

    Gilles Maury

    Diplômé d’IRIS Sup’ en Géopolitique et Prospective

Il semble loin le temps où, tandis que le monde vivait le dernier chapitre de la guerre froide, l’Amérique centrale faisait l’actualité en se déchirant au travers de guerres civiles dévastatrices. Quarante ans après, les mêmes tensions historiques, sociales, ethniques, économiques, géopolitiques et religieuses sont pourtant toujours à l’oeuvre. Alors que la question religieuse réapparait avec force dans l’Occident contemporain, la complexité du creuset mésoaméricain constitue sur ce sujet un laboratoire précieux pour en appréhender les enjeux.

Depuis leur indépendance acquise en 1821 par un retrait pacifique de la couronne espagnole, les cinq pays d’Amérique centrale ont suivi des destins différents. Dans le Triangle nord (Guatemala, El Salvador et Honduras), l’élite blanche (créole, souvent métissée) a maintenu une structure inégalitaire en sa faveur contre la majorité indigène, créant des pays socialement divisés et violents (Aguilar-Moreno, 2016) à l’histoire jalonnée de nombreuses guerres civiles et renversements de régime (Brignoli, 2017). Après des décennies de dictature, le Nicaragua a suivi le modèle de la révolution cubaine de 1959, s’isolant progressivement du reste de la région. Le Costa Rica, vide de richesses indigènes à l’époque de la conquête, se peuple de paysans espagnols pauvres qui se mélangèrent avec les autochtones pour former une population dédiée au travail de la terre. Le Panama quant à lui devint un point stratégique avec la construction du canal, sous contrôle américain pendant un siècle, jusqu’en 1999.