Voltige géopolitique : le Pape en Irak

  • François Mabille

    François Mabille

    Chercheur associé à l’IRIS, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux

La visite du pape François en Irak est importante, à plusieurs titres. Elle est révélatrice de tendances profondes au sein de la diplomatie vaticane ; elle manifeste le rôle des acteurs religieux dans la géopolitique internationale ; elle pointe enfin des enjeux historiques pour les pays du Proche-Orient. Ce déplacement importe bien sûr pour la minorité chrétienne qui vit en Irak. Ce pays qui compte 38 millions d’habitants assiste de longue date aux départs des chrétiens. Selon le Pew Research Center, la part des chrétiens n’a cessé de décroître en Égypte, en Irak, en Israël, au Liban, en Jordanie ou encore en Syrie et dans les territoires palestiniens. Dans ces pays, les chrétiens sont plus âgés que la moyenne des habitants, ont moins d’enfants et émigrent plus fréquemment, la persécution à leur encontre ayant été particulièrement forte dans le nord de l’Irak et en Syrie, entre 2014 et 2017.

En Irak, les chrétiens représentaient moins de 1% de la population en 2010, dont 41 % de catholiques, 41 % de protestants et 17 % s’identifiant à l’orthodoxie. Les chrétiens étaient encore 1.5 million en 2003, ils seraient aujourd’hui moins de 500.000. Dans la ville majoritairement chrétienne de Qaraqosh, plus de 5000 familles demeurent : 45 % des familles ont émigré lorsque Daesh dominait le territoire. Compte tenu de la faiblesse de cette communauté chrétienne, en quoi alors le voyage pontifical revêt-il une importance particulière ?