« La fabrique de l’élite sportive soviétique », entre hier et aujourd’hui

  • Sylvain Dufraisse

    Sylvain Dufraisse

    Maître de conférences à l’Université de Nantes

IRIS : Pouvez-vous nous présenter les conclusions de votre thèse, bientôt publiée « Les « Héros » du sport. La fabrique de l’élite sportive soviétique » ?

SYLVAIN DUFRAISSE : Durant la fin de la Guerre froide, dans les années 1970-1980, l’aura des sportifs soviétiques s’est ternie et de nombreux mythes ont circulé pour expliquer leur domination mondiale : dureté des entraîneurs, dopage d’État, athlètes endoctrinés vivant dans des « fabriques à champions », manipulation technologique. Le film Rocky 4 est une bonne illustration de cette vision de sportifs qui ne sont que les rouages d’une « machine rouge ».
Ma thèse a eu pour objectif de dépasser ces croyances collectives. Il me semblait important de saisir comment en URSS s’est développée une action publique multiforme qui visait à former des champions et d’en analyser les effets sociaux. Il s’est agi d’étudier les dispositifs mis en œuvre pour rendre possibles ces carrières, mais aussi les réponses des individus. Je souhaitais aussi montrer comment, dans un État qui avait critiqué fortement le sport de compétition et les « champions bourgeois », l’adaptation avait pu être possible…