Le rôle de l’Union européenne dans le financement de l’industrie de la défense

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  • Federico Santopinto

    Federico Santopinto

    Directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Europe, Stratégie et Sécurité

Depuis que l’Union européenne (UE) a lancé son premier petit projet pilote pour soutenir l’industrie de défense, en 2014, bien des choses ont changé. À l’époque l’initiative, confiée à l’Agence européenne de défense, était passée presque inaperçue. Son budget dérisoire (2 millions d’euros) n’avait suscité que quelques haussements d’épaules chez les spécialistes de la défense.

En 2014, toutefois, ces derniers connaissaient encore mal l’UE. Ils n’avaient jamais entendu parler du mécanisme de « spill-over » (effet d’entraînement) qui irrigue l’intégration européenne. Ils n’avaient pas compris que le projet pilote qui venait d’être adopté avait entrouvert une porte, laquelle était destinée, petit à petit, à s’ouvrir complètement.

L’année 2014 marque ainsi un tournant. Avant cette date, l’idée que le budget ordinaire de l’Union puisse financer l’industrie de défense était impensable. Ce secteur étant jugé trop « régalien » pour que l’UE s’en mêle. Après 2014, le tabou a été brisé et, au fil des crises, l’impensable est devenu non seulement possible, mais également souhaitable. 

Aujourd’hui, les spécialistes de la chose militaire ont appris à connaitre l’UE. Et pour cause : l’Union est devenue un acteur à part entière de l’industrie de l’armement et de son financement, un acteur désormais incontournable. Reste qu’elle est complexe. Son organisation politique, institutionnelle et administrative est tellement alambiquée que son action résulte parfois peu lisible, et dans certains cas même incohérente.

Les politiques industrielles de défense n’échappent pas à ce problème.  Au cours des derniers mois et années, les initiatives, les programmes et les propositions pour financer la défense européenne sont tombées de toute part, en alimentant par moment une certaine confusion, voire même des tensions.