Sortir de l’impasse politique ? La Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL) à l’épreuve du déjà-vu

  • Soraya Rahem

    Soraya Rahem

    Doctorante en géopolitique à l’Université de Tours au sein du Laboratoire CITERES

Le 21 août dernier, Hanna Tetteh, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU et cheffe de la mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), présentait une nouvelle feuille de route devant le Conseil de sécurité destinée à sortir la Libye de l’impasse politique. Centrée sur la relance du processus électoral et la légitimation des institutions, la nouvelle initiative onusienne entend créer les conditions d’un État libyen unifié.

Depuis près d’une décennie, la scène libyenne est marquée par une profonde division institutionnelle entre, d’un côté, un exécutif gouvernemental intérimaire basé à Tripoli et, de l’autre, un organe législatif, la Chambre des représentants siégeant à l’Est du pays, à Tobrouk puis à Benghazi. Si ces instances sont toutes deux reconnues internationalement par l’ONU, la Chambre des représentants a toutefois retiré sa confiance au gouvernement de Tripoli en l’accordant, depuis mars 2022, à un exécutif concurrent basé à Benghazi. Parallèlement, l’influence des groupes armés et de leurs alliés extérieurs sur les institutions continue de fragiliser les efforts de résolution du conflit. Depuis l’échec de la dernière feuille de route onusienne et l’avortement des élections de décembre 2021, la scène politique libyenne demeure ainsi figée dans un statu quo qui bénéficie à une large partie des élites au pouvoir.

Reprenant les modèles déjà expérimentés ces dernières années par la MANUL, la nouvelle feuille de route présentée par Hanna Tetteh s’articule autour de trois axes principaux : poser les fondations légales et constitutionnelles pour des élections présidentielles et législatives, réunifier les institutions autour d’un gouvernement d’unité intérimaire formé dans les deux mois et relancer un dialogue national avec la société civile qui a perdu confiance en la légitimité du processus de résolution.