Le duel États-Unis / Chine, un test pour l’autonomie stratégique européenne

En théorie, dans un monde où les sources de puissance se sont diversifiées et ne sont plus uniquement militaires, l’Europe, et l’Union européenne (UE) en particulier, pourrait apparaître comme la mieux armée pour répondre aux défis que pose le retour des politiques de puissance dans les relations internationales. Initialement spécialisée sur les questions commerciales intraeuropéennes, l’UE a vu progressivement s’élargir sa compétence dans les différents champs qui conditionnent l’exercice de la puissance – juridique, économique, financier, monétaire –, jusqu’aux domaines diplomatique et de la défense. Pourtant, l’UE et ses États membres sont, au contraire, mal armés pour faire face au retour de la puissance dans les relations internationales. « Herbivores dans un monde de carnivores » [1], les Européens ont ontologiquement construit leur projet sur la coopération et contre la puissance, sur la force du droit et contre le rapport de force