Quelles sont les limites de la politique étrangère européenne au Rwanda ?

  • Clémence Noisette

    Clémence Noisette

    Assistante de recherche, IRIS

En quelques années, le Rwanda est devenu un pays-clef de la stratégie européenne en Afrique
centrale. L’Union européenne (UE) et le Rwanda partagent des intérêts sécuritaires et économiques
communs, dont la stabilité dans la région des Grands Lacs. Pourtant, la relation avec le Rwanda pose un problème à l’UE, notamment au regard de sa présence en République démocratique du Congo (RDC). Depuis que le Mouvement du 23 mars (M23) a ressurgi fin 2021, prenant le contrôle de vastes zones dans le Nord-Kivu, la crise sécuritaire et diplomatique entre Kinshasa et Kigali s’est aggravée. Le M23 justifie sa nouvelle insurrection par le non-respect des accords de paix existants. En réaction à la reprise des
combats, plusieurs milices congolaises s’organisent en coalitions, parfois appuyées par des militaires congolais, pour combattre le M23. Or, entre 2022 et 2024, des experts mandatés par l’ONU ont accusé le Rwanda de soutenir les opérations du M23 dans six rapports distincts.

Dans ce contexte tendu, la politique étrangère de l’UE au Rwanda apparaît comme contradictoire : une Europe se concentre sur ses intérêts stratégiques, en soutenant l’armée rwandaise au Mozambique, et l’autre se veut être une puissance normative en faveur du respect du droit international, et condamne Kigali sur la situation en RDC. Dès lors, quelles sont les limites de ce double positionnement ?