Donald Trump a présenté son plan pour Gaza à Benjamin Netanyahou, y a-t-il des chances que le Hamas l’accepte ?

C’est très peu probable, car en réalité, ce qu’on leur demande, c’est une capitulation complète, or le Hamas a montré une logique jusqu’au-boutiste depuis deux ans. Et même si cela arrivait, d’autres organisations plus radicales pourraient émerger.

Le Hamas est affaibli militairement, mais pas à genoux. Il recrute de nouveaux membres. Une nouvelle génération de cadres intermédiaires monte en responsabilité et il s’agit souvent de jeunes gens ayant perdu des proches. Ils sont animés par un désir de vengeance. Dans ces conditions, accepter le plan paraît impensable.

Là-dessus, le plan est très flou. Le plan ne précise ni calendrier ni modalités concrètes pour un éventuel retrait israélien. On ne peut pas accorder de crédit à une telle promesse, d’autant que Netanyahou est connu pour ses revirements. Tout le monde souhaite la libération des otages, mais aucune contrepartie n’est précisée. Le Hamas ne les relâchera pas sans échange tangible – prisonniers palestiniens ou cessez-le-feu – comme cela s’est déjà produit par le passé. Là encore, le plan pèche par son imprécision.

Cela ressemble à un jeu de dupes… Les États arabes n’aiment pas le Hamas, mais restent limités dans leur capacité d’action. Quant à Tony Blair, on se souvient de son bilan mitigé à la coordination du « Quartet pour le Moyen-Orient ». De plus, son soutien à la guerre en Irak en 2003 reste dans les mémoires, les pays arabes s’en souviennent et lui en veulent encore. Tout cela n’inspire pas confiance.

En effet, il a reculé sur son idée absurde de « riviera à Gaza », désavouée par tous sauf Israël. De plus, l’abandon de l’annexion des territoires palestiniens est un point notable : les Américains y ont mis leur veto pour préserver leurs relations avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Mais tout cela reste très incertain : ces écrits n’engagent que ceux qui y croient.

C’est vrai que ce plan est décidé sans consultation des Palestiniens, ce qui est choquant. Le Hamas n’est pas associé, et l’Autorité palestinienne est totalement délégitimée auprès de sa population, en raison de son âge, de sa corruption et de sa collaboration avec l’occupant. Le peuple ne se sent plus représenté. Le nom de Marwan Barghouti revient souvent, mais il est en prison à vie… D’autres dirigeants existent, mais ils sont eux aussi marginalisés ou emprisonnés. Il faudrait réaffirmer le droit à l’autodétermination, mais dans les conditions actuelles, un vote à Gaza est inimaginable.

Je suis pessimiste. Le massacre risque de continuer. Certains Palestiniens tenteront de fuir, mais la majorité n’en aura pas les moyens. Le seul espoir réside dans deux ou trois mesures concrètes : un cessez-le-feu et un déblocage massif de l’aide humanitaire. Mais vu les conditions posées au Hamas, je n’y crois guère.

Propos recueillis par Anne-Laure de Chalup pour La Dépêche.