Quelles sont, selon vous, les grandes lignes du plan de Donald Trump pour l’Ukraine ?

Trump veut geler le conflit. Son plan tourne autour d’une ligne de cessez-le-feu qui figerait les positions actuelles, avec l’occupation russe d’une partie de l’Ukraine, y compris la Crimée. On parle d’un cessez-le-feu surveillé, avec des forces dites de « réassurance », comme l’OTAN le fait dans les pays baltes. Mais attention : ce n’est pas une paix. C’est un arrangement temporaire, qui sert surtout ses objectifs plus larges.

Vous dites que la Crimée est centrale. Pourquoi est-ce si crucial dans ce plan ?

Parce que la Crimée, pour fonctionner, a besoin d’eau et d’énergie. Or, dès 2022, les Russes ont pris en trois jours le barrage de Nova Kakhovka et la centrale de Zaporijia. Ce n’était pas un hasard : c’est vital pour alimenter la Crimée. Trump ne parle pas de reconnaître officiellement l’annexion, mais d’accepter de facto son occupation, en échange d’une pause des hostilités. C’est une manière de faire avancer la discussion, tout en permettant à Poutine de garder la face.

Quel rôle Trump entend-il jouer face à des exigences aussi divergentes ?

Il joue les arbitres, mais avec un levier très clair : l’aide militaire américaine. C’est lui qui tient les cartes. S’il coupe l’aide à Kiev, Zelensky est forcé de négocier. Et si Trump donne des garanties minimales à Poutine, comme un gel du front et une non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, il obtient ce qu’il veut.

Et les Européens ? Comment s’insèrent-ils dans ce projet ?

Ils sont coincés. Macron a dit : « La Russie ne peut pas gagner, l’Ukraine ne peut pas perdre. » Sauf qu’à force de tenir cette ligne, on ne construit rien. Les Européens ont soutenu l’Ukraine, mais commencent à reculer. Ils parlent maintenant d’envoyer des troupes pour surveiller un éventuel cessez-le-feu. Ce n’est jamais dit explicitement, mais ça revient à accepter une occupation russe. Aucun dirigeant ne peut l’avouer, mais c’est la réalité.

Ce plan peut-il aboutir ?

Il peut aboutir s’il est imposé. Si Trump arrête l’aide, les Européens ne tiendront pas seuls. Et puis, l’Ukraine manque de soldats. On est dans une guerre d’attrition, et face à 140 millions de Russes, les 40 millions d’Ukrainiens s’épuisent. Les Occidentaux donnent des armes, pas des hommes. Alors, oui, ce plan peut geler le conflit. Mais encore une fois, ce n’est pas la paix !