Notes / Asie-Pacifique
11 juillet 2025
Les médias chinois, outil d’expression stratégique et instrument de pouvoir du Parti communiste chinois depuis 2013

Dès son arrivée à la tête du Parti communiste chinois (PCC) en 2013, Xi Jinping montre son ambition de faire de la Chine une puissance à l’échelle internationale. Économiquement, le pays est devenu la deuxième puissance mondiale. Militairement, la Chine s’impose, les menaces envers Taïwan perdurent, et les tensions en mer de Chine méridionale s’intensifient. Diplomatiquement, l’Empire du Milieu étend son influence en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Pour ce faire, les moyens sont divers : ouverture économique et touristique, alliances via le projet de la Belt and Road Initiative (BRI), les Nouvelles routes de la Soie ou encore la promotion d’une image douce de la Chine. Cette stratégie officielle peut être qualifiée de soft power (puissance douce). Défini par Joseph Samuel Nye en 1990, observant l’influence des États-Unis sur le monde après la deuxième guerre mondiale, le soft power est la capacité d’un pays à séduire et attirer, à l’opposé du hard power (puissance dure, en chinois yìng shí lì 硬实⼒) exercé par la force et la puissance militaire. Le soft power (en chinois ruan shi li (软实⼒), est déclaré partie intégrante de la stratégie pékinoise en 2007 lors du XVIIème Congrès du PCC. C’est pour la Chine le moyen de devenir une puissance complète, sans recourir au seul hard power.
En 2019, la Chine était 27e sur 30 du classement The Soft Power 30. Si Pékin l’utilise aujourd’hui, il n’en reste pas moins que l’application du soft power n’est pas identique dans une démocratie et dans un pays au pouvoir autoritaire. Dans les années 2000, Joseph S. Nye décrivait déjà les opérations d’influence chinoises comme une tentative de manipulation de l’opinion publique, en Chine et à l’étranger, allant à contre sens de sa définition même de soft power. En 2017, Christopher Walker et Jessica Ludwig, chercheurs du think tank National Endowment for Democracy, inventent la notion de sharp power comme « le pouvoir qui perce, pénètre et perfore l’environnement politique et informationnel des pays-cibles ». Jean-Pierre Cabestan, sinologue spécialiste du droit et des institutions du monde chinois contemporain, écrit que « la promotion de la puissance douce chinoise semble conçue comme une entreprise étatique et dirigée par le parti communiste, et non comme le résultat d’un rayonnement culturel provenant directement de la société ». Ainsi, le contrôle qu’exerce le PCC transforme le soft power en sharp power, reposant sur des caractéristiques similaires, ce qui nécessite donc de connaître les intentions de celui qui le pratique. Soft power et sharp power apparaissent indissociables et le sharp power ne peut alors évoluer en dehors des notions de soft power et de hard power.