Notes / Observatoire géopolitique du religieux
7 octobre 2025
L’Afrique, laboratoire des recompositions religieuses mondiales

Comme pour d’autres continents, la place de la religion en Afrique dépasse largement le domaine de la croyance individuelle ou de la spiritualité privée. La perspective intégraliste (la religion dans toutes les sphères de la vie, dans les domaines privé, social, sociétal et politique) y opère souvent, ici comme ailleurs. Elle constitue souvent un facteur structurant des sociétés mais aussi un instrument de légitimation du pouvoir politique. En Afrique comme sous d’autres cieux, on y constate « L’ambivalence du sacré » (The Ambivalence of Sacred pour reprendre le titre d’un bref ouvrage de l’américain Scott Appleby), la religion étant selon les cas vecteur essentiel de conflictualité ou au contraire de pacification. Le présent des religions est encore affecté par l’histoire coloniale et postcoloniale, qui montre que le religieux ne peut être totalement dissocié des dynamiques de domination, des processus d’émancipation, qu’il convient de prendre en compte, en régime de mondialisation, les différentes recompositions identitaires auxquelles on assiste. Aujourd’hui, dans un contexte marqué notamment par les flux migratoires ou par la fragilité de nombreux États, les religions africaines connaissent un processus de transformation qui les inscrit au cœur des grands enjeux contemporains.
L’Afrique apparaît ainsi comme un laboratoire planétaire des recompositions religieuses. Les phénomènes de mobilité et de diversification interne y prennent une ampleur particulière. Ils sont d’autant plus significatifs que le continent abrite des foyers de croissance démographique uniques dans le monde, ce qui confère à ses dynamiques spirituelles une portée mondiale. La compréhension de la géopolitique des religions en Afrique ne se réduit donc pas à l’étude des clivages traditionnels entre christianisme, islam et religions africaines endogènes. Elle implique d’observer des transformations beaucoup plus complexes : circulation transnationale des pratiques, émergence d’autorités religieuses alternatives, hybridations spirituelles et nouvelles formes de légitimité.