Russie : trajectoires d’une puissance agricole au miroir des défis semenciers

  • Sébastien Abis

    Sébastien Abis

    Chercheur associé à l’IRIS et directeur du Club DEMETER

  • Arthur Portier

    Arthur Portier

    Consultant senior, Argus Media

  • Thierry Pouch

    Thierry Pouch

    Chef économiste, Chambres d’agriculture de France et chercheur associé, Laboratoire Regards Université de Reims Champagne Ardenne

La guerre russo-ukrainienne dure depuis dix ans et s’est intensifiée depuis 2022. Compte tenu du poids de ces deux pays dans la production et le commerce agricole, ce conflit génère de multiples effets sur la sécurité alimentaire mondiale, sur les échanges et le prix des céréales et des oléagineux notamment, mais aussi sur les jeux géopolitiques qui se redessinent à mesure que le temps passe.

Dans ce contexte, le développement de sanctions économiques de la part des États-Unis et de l’Union européenne (UE) envers Moscou n’est pas sans induire un certain nombre de conséquences sur les relations d’affaires avec la Russie et dans celle-ci.

Pour les entreprises ayant des rapports anciens et importants avec ce pays, ce climat difficile les place dans une incertitude stratégique croissante. Or en matière agricole et de sécurité alimentaire, la prévisibilité s’avère essentielle à la conduite des activités et au déploiement approprié des investissements. Ce temps long qui domine pour ce secteur en général est même encore plus significatif pour la filière semencière, située à l’amont de toute la chaîne de performances agricoles et alimentaires.

C’est ici qu’il faut mettre en perspective le cas spécifique des entreprises européennes opérant dans les semences, d’autant que l’Ukraine et la Russie sont devenues ces dernières années des terrains majeurs à leur développement, à la fois sur le plan de la recherche scientifique et du commerce.

Il faut ici préciser que la Russie et l’Ukraine, malgré leur montée en puissance agricole et céréalière spectaculaire depuis le début de ce siècle, présentent encore des vulnérabilités importantes en matière semencière.

Après un rappel historique des relations agricoles entre l’UE et la Russie, et ce que cela comporte en termes de tensions géoéconomiques depuis 2014, le document s’attarde sur les produits clefs de la Russie pour en observer les volumes, les exportations et les nuances semencières, non sans apporter un éclairage méconnu sur les différences notables qui existent selon les céréales, les oléagineux, mais aussi le sucre. Les engrais
sont analysés également pour compléter le panorama des forces et faiblesses de l’agriculture russe et mettre celles-ci en miroir avec les dépendances qui prévalent dans le monde vis-à-vis des fertilisants de Russie.

L’ensemble de ces données rassemblées permettent de dresser des hypothèses de scénarios contrastés afin de donner une robustesse prospective supplémentaire à ce document appelé à jouer un rôle en matière de connaissance sur ce volet majeur de la guerre russo-ukrainienne : une dimension agricole et alimentaire à résonance planétaire.