Russie : la fin de l’Empire ?

La séquence peut sembler anodine. Lors d’un sommet bilatéral organisé le 9 novembre 2023 à Astana, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev accueille le président russe Vladimir Poutine par les traditionnels mots diplomatiques de bienvenue… en kazakh. Dans la salle, les diplomates russes s’agitent et cherchent leur appareil de traduction. Surpris, Dmitri Peskov luimême, le porte-parole du Kremlin, se retourne brusquement et s’empresse de mettre l’écouteur à l’oreille. Et pour cause, la scène est inhabituelle : depuis la chute de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), il est d’usage que la prise de parole diplomatique se fasse en russe entre le Kazakhstan et la Russie. À Almaty comme à Astana, le bruissement des langues est courant et le russe rivalise aisément avec le kazakh dans l’espace public. Il est même l’une des langues officielles du pays. Le message envoyé par K.-J. Tokaïev est donc éloquent : le Kazakhst