La corruption, fille de la modernité politique ? / Par Frédéric Monier

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  • Frédéric Monier

    Frédéric Monier

    Avignon Université – Centre Norbert Elias

La corruption, qui a inspiré un nombre considérable de travaux en sciences sociales depuis les années 1960-1970, est un objet d’étude plus récent chez les historiens. La plupart des ouvrages collectifs sur le sujet ont en effet été publiés depuis le début des années 2000 [1]. Ce retard relatif est sans doute lié à des attitudes intellectuelles fréquentes. La première d’entre elles consiste à voir dans la corruption une constante anthropologique. Cette vision pessimiste s’exprime chez de nombreux savants, dont le sociologue Vilfredo Pareto. « Les théories éthiques et les prêches ont été absolument impuissants à faire disparaître, ou seulement à diminuer la corruption politique, et il est très probable qu’ils demeureront tels à l’avenir », note-t-il en 1917 [2]. À quoi bon une histoire désespérante ? Une autre attitude intellectuelle fait son apparition à partir du XVIIIe siècle. La corruption serait le symptôme d’un ret

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